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23 octobre 2024 11 h 47 min

Présidentielle : Trump accusé de dictature

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La perspective de l’élection américaine depuis Bruxelles est marquée par une certaine appréhension, bien que l’Union Européenne affirme être mieux préparée qu’en 2016. L’Agence France-Presse offre une analyse détaillée de la situation à Bruxelles où les nations européennes pourraient être soulagées par un succès de Kamala Harris. Cependant, elles se préparent à une modification significative et permanente de leurs relations avec les Etats-Unis, quel que soit le verdict de l’élection.

Les pays européens ont une certaine familiarité avec Kamala Harris, bien que les détails de ses intentions en matière de politique étrangère soient encore méconnus, selon un diplomate de l’OTAN. Néanmoins, l’idée d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche les effraye. Martin Quencez, spécialiste de la défense au German Marshall Fund of the United States à Paris, considère qu’il y a un sentiment de paralysie côté européen devant l’ampleur du défi.

L’Europe n’a pas oublié les avertissements de l’Américain milliardaire en février : si vous ne contribuez pas davantage financièrement, vous devrez faire face seul à la menace russe. En réaction, plusieurs pays ont déjà augmenté leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB, portant le nombre à 23 sur 32 membres de l’OTAN, contre seulement 3 il y a une décennie.

Cependant, ils reconnaissent qu’ils devront faire davantage, indépendamment du résultat de l’élection du 5 novembre. Le candidat républicain n’est pas le premier président américain à demander une répartition plus équitable des charges. Un diplomate résume que bien que la façon de communiquer de Trump soit unique, son message sur le besoin pour l’Europe de contribuer davantage est tout à fait pertinent.

De nombreux dirigeants de l’Alliance espèrent éviter un conflit avec Trump. Cependant, les peurs des Européens s’intensifient lorsqu’il s’agit de prévoir l’avenir du soutien occidental à l’Ukraine. L’ancien président, qui aspire à un retour réussi à Washington, a déjà menacé de mettre fin à l’aide militaire américaine à Kiev, promettant de mettre un terme à la guerre en seulement 24 heures, sans pour autant donner de précisions sur comment il compte y arriver.

Après deux ans et demi de promesses répétées, l’Union européenne (UE) pourrait être contrainte de prendre la relève. Cependant, sa position pourrait rapidement se fragiliser. « Les capitales européennes pourraient exercer une pression accrue sur Kiev pour entamer des négociations avec Moscou, contre la volonté des Ukrainiens eux-mêmes », prévient le député Raphaël Glucksmann. Actuellement, une attitude attentiste prévaut. « Nous essayons simplement de continuer notre travail, c’est le sentiment principal à l’OTAN », explique un diplomate de l’Alliance.

Concernant le commerce, l’UE estime qu’elle sera mieux équipée pour faire face à un éventuel retour du magnat de l’immobilier à la Maison Blanche. « L’UE est beaucoup mieux préparée pour une nouvelle administration Trump », affirme un diplomate à Bruxelles.

Une liste de produits américains susceptibles de faire l’objet de représailles est actuellement à l’étude, mais les diplomates et les responsables européens insistent pour ne l’utiliser qu’en dernier recours. « Personne à Bruxelles ne cherche à provoquer une escalade », assure un d’entre eux.

Le test initial se déroulera en mars, date à laquelle la suspension du commerce de l’acier entre les États-Unis et l’UE prendra fin. En 2018, Donald Trump avait augmenté les droits de douane sur l’acier et l’aluminium de plusieurs nations, dont l’UE. Joe Biden a conservé ce niveau tout en offrant une exemption temporaire à l’UE, qui sera terminée en mars. Les Européens craignent qu’une hausse des taxes soit imposée par le richissime américain. Même s’ils sont douteux que sa concurrente démocrate Kamala Harris soit particulièrement favorable, ils espèrent des discussions « de bonne foi » sur ce sujet, d’après un diplomate de l’UE.
Selon Greta Peisch, ex-conseillère juridique du bureau du représentant du commerce américain, une présidence de Kamala Harris signifierait « une volonté de poursuivre la recherche de domaines de collaboration et de tenter d’éviter des disputes inutiles ».