Un mois après la reprise des cours, les figues politiques, les médias et le public se penchent sur l’influence de l’intelligence artificielle (IA) générative sur le système éducatif. Est-ce que l’éducation française, de l’école primaire à l’enseignement supérieur, pourrait bénéficier des avancées en matière d’IA (générative ou non), et répondre aux défis en conséquence ? Et disposera-t-elle, si elle le décide, des ressources requises pour une mise en place à large échelle de cette technologie, notamment pour la formation du personnel?
Ce sujet a été discuté dans un rapport du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse en janvier. L’intérêt qu’il suscite rappelle l’attention médiatique que les MOOC (ou Cours en ligne ouverts à tous) ont reçue en 2012. Ces cours en ligne étaient censés révolutionner l’enseignement supérieur en permettant à tous de suivre à distance et parfois gratuitement les cours des meilleurs professeurs, généralement américains. Malgré une augmentation de popularité pendant la pandémie de Covid-19, l’impact des MOOC s’est révélé assez faible, et ils sont maintenant considérés simplement comme un outil pédagogique parmi tant d’autres, notamment pour la formation professionnelle.
L’IA générative, en revanche, s’est propagée très rapidement à une échelle beaucoup plus grande : une étude citée par le site officiel de l’Académie de Paris, réalisée en 2023 auprès de 5 600 professeurs et étudiants de l’enseignement supérieur en France, a démontré que 35% des professeurs et 55% des étudiants l’employaient. Ces derniers utilisaient plutôt l’IA comme un outil d’assistance à la rédaction plutôt que comme une source d’information. Une utilisation appropriée car l’IA générative a tendance à produire des informations, qui peuvent apparaître crédibles mais qui ne sont pas toujours correctes.
Équité dans l’accès aux meilleurs outils.
Nous devons cesser de fantasmer sur l’intelligence artificielle et la voir comme elle est – un outil technologique, quel que soit sa puissance. L’apprentissage n’est pas seulement une question d’accumulation de connaissances. Comme l’a révélé en mars 2023 Greg Brockman, co-fondateur d’Open AI, GPT-4 (le « moteur » de ChatGPT) a réussi l’examen du barreau de New York, notoirement compliqué, mais cela ne signifie pas que l’éducation se résume à l’étude intensive. Les recherches de notre collègue, Justine Cassell, spécialiste en intelligence artificielle conversationnelle et son rôle dans l’éducation, soulignent l’importance vitale de l’interaction entre les étudiants dans ce cadre.
L’IA peut jouer un rôle plus important que simplement aider à la rédaction et à la correction de travaux ; elle pourrait aussi offrir du soutien individualisé à chaque étudiant. Dans ce cadre, une question importante se pose : celle de l’égalité d’accès aux meilleurs outils, souvent payants.
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