C’est un phénomène bien connu. À mesure que se rapproche l’élection présidentielle aux États-Unis, une avalanche de sondages déferle. Que ceux-ci soient nationaux ou spécifiques à chaque État, rassemblés simplement ou ciblant des études spécifiques, leur objectif n’est pas de révéler la vérité actuelle de la politique, mais d’esquisser des tendances. On peut citer, par exemple, la montée subite de Kamala Harris après sa candidature fin juillet, suite à l’abandon de Joe Biden. Ou encore, le rétrécissement de l’écart en faveur de Donald Trump, membre présumé du parti républicain, depuis fin septembre.
D’après les prévisions du site FiveThirtyEight, l’ancien président l’emporterait dans 52 scénarios sur 100. La moyenne des enquêtes réalisée par l’expert Nate Silver, ajustée selon leur fiabilité, met la candidate démocrate en première position avec 48,8% des voix contre 47,2% pour Donald Trump. Ces statistiques sont relativement insignifiantes, étant donné que l’élection se jouera dans les sept États clefs. Le Washington Post a publié lundi 21 octobre un sondage réalisé auprès de 5 000 personnes, plaçant Kamala Harris à la tête dans quatre de ces États oscillants.
Il est bien connu que les enquêtes sont souvent biaisées, avec des échantillons souvent limités et non représentatifs. Il est également un fait que certains groupes démographiques sont réticents à répondre au téléphone. Historiquement, le soutien en faveur de Donald Trump a été sous-estimé par de telles études. Cependant, un changement a été observé suite à la décision de la Cour Suprême de supprimer le droit à l’avortement au niveau national pour toutes les femmes en juin 2022. Durant les élections locales et les élections de mi-mandat de novembre 2022, l’ampleur de la mobilisation démocrate, en particulier parmi les femmes et les jeunes, a été sous-estimée. S’ajoutant à ces problèmes récurrents, comme avant les élections de mi-mandat, il y a eu une tentative de manipulation de l’opinion publique par la publication de sondages biaisés, conçus pour raconter l’histoire d’une montée en puissance du parti républicain.
Simon Rosenberg, l’un des plus éminents experts de l’opinion publique du côté démocrate, qui avait précédemment correctement prédit le résultat des élections de mi-mandat, souligne que « la vague rouge de la campagne de 2024 est beaucoup plus grande et a commencé beaucoup plus tôt ». Selon lui, plus de 70 sondages toxiques ont été ajoutés ces dernières semaines aux moyennes, donnant systématiquement un à cinq points de plus aux républicains que les sondages indépendants, comme cela a déjà été le cas en 2022. Rosenberg remarque également l’émergence de nouveaux acteurs partisans dans l’écosystème des sondages, orientés fortement à droite. Il encourage les démocrates à faire preuve de discernement, suggérant une certaine fébrilité du côté adverse. « Ils font appel à ces moyens extraordinaires pour façonner le récit électoral parce qu’ils pensent que nous gagnons et qu’ils sont en train de perdre », écrit Rosenberg dans sa lettre quotidienne du lundi.
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