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22 octobre 2024 16 h 46 min

Meloni révèle politique illibérale

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« « Duce, Duce, Duce » et « Sieg Heil » sont les chants que des dizaines de jeunes scandent le bras levé. Beaucoup s’amusent, en tenant des propos racistes et antisémites. D’autres considèrent comme des héros les Nuclei Armati Rivoluzionari (Noyaux armés révolutionnaires), un groupement terroriste néofasciste connu pour ses nombreux meurtres dans les années 70 et une attaque perpétrée à la gare de Bologne en 1980. Ces scènes sont capturées dans un documentaire, Gioventù meloniana, publié en juin 2024, explorant les actions de Gioventù Nazionale (Jeunesse nationale), le groupe jeunesse du partiu de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia (FdI). Le film révèle comment cette organisation est devenue un centre de radicalisation, soutenue par les cadres du parti national. Après de lourdes hésitations, la première ministre a enfin officiellement condamné ces « éléments extrémistes ».

Cependant, l’indignation provoquée par la diffusion du documentaire a vite diminué. En 2024, l’exposition des racines fascistes d’un parti politique ne suffit pas à le discréditer. La preuve en est l’augmentation de la popularité de FdI dans les sondages à l’automne. Deux ans après sa victoire électorale, les tactiques et la politique de Mme Meloni sont devenues un « exemple » pour les partis d’extrême droite dans plusieurs démocraties européennes.

Effectivement, le succès fulgurant du parti politique Fratelli d’Italia est marquant. Ce parti néofasciste qui a vu le jour juste après la période du fascisme historique a pu prospérer grâce à son partenariat avec la droite traditionnelle. Aujourd’hui, il est le premier parti national sous la houlette de Giorgia Meloni. Elle semble avoir trouvé la solution à ce que Giorgio Almirante, le fondateur du parti en 1946, a considéré comme étant l’équivoque d’être fasciste en démocratie. Il s’agit de pouvoir maintenir une identité autoritaire tout en s’adaptant au contexte démocratique actuel.

Lorsqu’elle a accédé au pouvoir, la Présidente du conseil a dû naviguer cette ambigüité en adoptant une double rhétorique. Derrière une image libérale en économie et une orientation pro-atlantique sur la scène internationale, elle a révélé des tendances illibérales dans sa politique nationale.

Cette stratégie s’est avérée efficace. Mme Meloni a donné de nombreux signaux positifs aux marchés, à l’Union européenne (UE) et à l’Alliance atlantique, ce qui lui a permis de remporter le Prix Global Citizen décerné par le think tank libéral américain Atlantic Council. Sur le plan de la politique migratoire, son initiative d’externaliser les demandes d’asile des migrants suite à un accord conclu avec l’Albanie a été saluée par la Présidente de la Commission de l’UE, Ursula von der Leyen, et par plusieurs gouvernements européens dont le français. Cependant, cette procédure comporte de sérieuses violations des droits fondamentaux.

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