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Japon : réforme justice pénale difficile

La libération d’Iwao Hakamada, qui a passé presque 46 ans dans les cellules des condamnés à mort, par le tribunal de Shizuoka, le 26 septembre, a mis en évidence les insuffisances et les failles du système judiciaire criminel japonais. Cette erreur judiciaire, unique en son genre en raison de sa durée, n’est en réalité que le sommet visible de l’iceberg : le traitement souvent excessif des prévenus en détention préventive dans les commissariats.

Beaucoup de prévenus de crimes moins graves que le meurtre de quatre personnes – dont Iwao Hakamada a été accusé – sont traités par la police et les procureurs de la même façon qu’Iwao Hakamada lors de sa détention préventive. Hakamada a été interrogé pendant 264 heures sur une période de vingt-trois jours, jusqu’à ce qu’il craque et « avoue » les meurtres qu’il n’a pas commis. À son premier procès, aucune attention n’a été accordée à ses revendications de violence ni à ses rétractations. Les « confessions », même si elles sont obtenues par force, sont considérées comme des preuves.

Selon une enquête de l’agence de presse Jiji, les trois quarts des personnes accusées de meurtre et acquittées lors d’un procès en appel avaient avoué sous la contrainte lors des interrogatoires. C’était le cas de quatre condamnés à mort. Selon Toshikuni Murai, un juriste spécialisé en droit pénal à l’Université de Hitotsubashi à Tokyo et cité par Jiji, « les tribunaux de première instance jugent sur la base des aveux » obtenus pendant les interrogatoires.

« Des vies détruites, des familles brisées ».

Dans son document intitulé « Le système judiciaire de l’otage au Japon », publié en mai 2023, Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale, met en lumière les nombreuses insuffisances en matière de traitement des suspects en détention provisoire. La présomption d’innocence, le droit de demeurer muet et la présence d’un avocat, sont des droits couramment bafoués. Les suspects, sous surveillance incessante, sont régulièrement isolés de leur famille et de leur travail.

Alors qu’au Japon, la détention provisoire ne devrait pas dépasser vingt-trois jours (contre vingt-quatre heures en France, pouvant être prolongé à 144 heures), les enquêteurs parviennent souvent à obtenir une extension de cette durée en invoquant des infractions supplémentaires de moindre gravité.

Human Rights Watch insiste dans son rapport sur le fait que le gouvernement japonais doit urgemment réformer le code pénal afin d’assurer aux détenus un procès équitable et de responsabiliser davantage les enquêteurs et les procureurs. Kanae Doi, directrice de l’organisation pour le Japon, souligne que ces abus dévastateurs ont ruiné des vies, détruit des familles et conduit à des condamnations injustes. Les conséquences peuvent être tragiques lorsque ces abus aboutissent à l’emprisonnement à vie ou à la peine capitale.

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