Il ne se passe pas une semaine sans de nouvelles assertions et idées enflammées concernant l’immigration. Depuis que Michel Barnier l’a fait entrer au gouvernement, le ministre de l’intérieur s’est trop souvent contenté de suivre une idéologie unique, aux dépens de l’efficacité de l’intervention publique. Qu’il s’agisse de son point de vue sur l’aide médicale d’Etat (AME), qui bafoue la rationalité sanitaire, ou de son attrait pour les mesures dites « innovantes » prônées par les leaders d’extrême droite en Europe, on ne peut qu’interroger la proximité des revendications de Bruno Retailleau avec celles du Rassemblement national et de ses collègues européens. Malheureusement, c’est au détriment des intérêts des Français.
Comme le Président de la République l’a souligné à l’issue du sommet européen du 17 octobre, l’immigration est un problème européen qui nécessite une solution européenne. Il est inefficace de penser que le strict cadre national permettrait à notre pays de contrôler totalement ses frontières. La situation est identique en Italie, où le ministre de l’intérieur s’est rendu en compagnie du premier ministre et où Giorgia Meloni a récemment initié une politique d’externalisation des migrations… qui rencontre déjà des problèmes, avec la réjection par la justice italienne de la détention des tout premiers migrants transférés en Albanie.
Il est impératif de trouver des solutions européennes au problème migratoire. C’est dans cet esprit que nous avons élaboré et adopté le pacte sur la migration et l’asile au printemps dernier, une réalisation majeure résultant de dix années de négociations intenses. Le pacte permet à l’ensemble des États de l’Union d’intervenir efficacement contre l’immigration irrégulière, de mieux gérer les arrivées aux frontières extérieures de l’Union, d’accélérer les procédures d’asile et d’offrir une protection appropriée aux persécutés.
Passons rapidement en revue les propositions contenues dans le pacte. Il propose une procédure de traitement rapide des demandes d’asile pour ceux qui entrent illégalement dans l’Europe, en particulier, ceux qui sont peu susceptibles de se voir accorder l’asile ou sont jugés dangereux. À leur arrivée, ils seront placés dans des centres de contrôle frontaliers avant de recevoir une décision d’asile en quelques semaines. Ce nouveau système devrait permettre de dissuader efficacement l’entrée irrégulière de ceux qui ne relèvent pas du droit d’asile.
Cependant, malgré son adoption, le pacte n’est pas encore en vigueur. La législation stipule que celle-ci devrait être mise en place d’ici l’été 2026. Nous exhortons tous les États membres à s’engager afin de l’appliquer le plus rapidement possible. En effet, nous avons vu l’émergence de dix-neuf lois françaises sur l’immigration au cours des vingt dernières années. Avant d’établir une nouvelle loi, il est nécessaire d’implémenter ces outils qui ont été adoptés suite à un effort commun mené par notre groupe Renew Europe, en collaboration avec les gauches et droites européennes, malgré l’opposition inexplicable des députés socialistes et des Républicains français.
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