L’étude récente publiée lundi révèle une hausse significative de la mortalité infantile aux États-Unis, attribuée principalement aux anomalies congénitales, dans la suite directe de l’abolition par la Cour suprême de la garantie fédérale pour le droit à l’avortement. L’interdiction de l’avortement a été mise en place dans un contexte où la Cour suprême, qui est majoritairement conservatrice suite à la nomination de trois juges par Donald Trump, a donné un plein pouvoir aux États fédérés pour légiférer sur cette question. Depuis lors, pas moins de vingt États ont instauré des limitations partielles ou totales au droit d’interrompre volontairement une grossesse.
Dans la quinzaine de jours précédant l’élection présidentielle aux États-Unis, ce sujet occupe une place majeure dans les débats. Lors du vote le 5 novembre, les citoyens américains décideront aussi du maintien du droit à l’avortement garanti par les États dans au moins dix d’entre eux.
La récente étude, conduite par Maria Gallo et Parvati Singh de l’Université de l’Ohio et publiée dans JAMA Pediatrics, a analysé une base de données nationale. Leurs conclusions coïncident avec celles d’autres analyses plus tôt cette année, centrées uniquement sur le Texas, où toute interruption de grossesse est interdite, même en cas d’inceste ou de viol.
Maria Gallo, professeure spécialisée en épidémiologie reproductive, a expliqué à l’AFP que la mortalité infantile aux États-Unis a connu une montée plus marquée que prévu dans les mois suivant la décision de la Cour suprême. Habituellement, les statistiques nationales en la matière restent plutôt stables, avec des fluctuations prévisibles reliées à des facteurs saisonniers.
Au cours des mois d’octobre 2022, mars 2023 et avril 2023, on a enregistré une augmentation de 7% du taux de mortalité infantile à l’échelle nationale, soit 247 décès supplémentaires chaque mois. La plupart de ces décès sont liés à des malformations congénitales.
Selon Maria Gallo, ces situations auraient pu être évitées si l’option de pratique d’un avortement avait été accessible, plutôt que de contraindre une femme à poursuivre une grossesse qui se termine par la mort de l’enfant.
Les chercheuses prévoient maintenant de déterminer si cette augmentation s’est observée dans tous les États, ou seulement dans ceux qui ont imposé des restrictions sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Parvati Singh ajoute qu’il faut envisager un impact humain plus vaste, y compris les effets sur la santé mentale des femmes se voyant refuser la possibilité d’avorter, ou forcées à poursuivre une grossesse lorsque le fœtus souffre d’une anomalie congénitale fatale.