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22 octobre 2024 21 h 50 min

Émotion suscitée par un projet de câble nautique sur le Lot

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Laurent, un homme qui préfère garder son anonymat, escalade le sentier rocheux et étroit sur le flanc de la falaise calcaire de Cévenne de Caïx, haut de 197 mètres. Il fait une pause entre deux arbres où le paysage s’illumine. En contrebas, une base de loisirs, établie à Caïx en 1986, est nichée dans le virage du Lot. Abandonnée en ce début septembre, elle est en cours de rénovation en raison de son état de délabrement, et est également au centre d’un projet visant à développer un téléski nautique sur la portion de la rivière la plus large et la plus profonde.

« Je ne parviens pas à comprendre cette proposition », avoue Laurent, qui vit dans le hameau de Luzech. L’infrastructure mentionnée serait la première de ce type en France sur une rivière et comprendrait deux parcours : un aller-retour pour les débutants et une boucle de 470 mètres. Le plan technique proposé consisterait à ériger huit pylônes de 2 tonnes chacun, de 12 mètres de hauteur, implantés dans des bases en béton ancrées des deux côtés des deux rives.

Laurent, qui est propriétaire de gîtes et membre de « L’Appel de la Forêt », un collectif local regroupant plus d’une centaine de partisans écologistes, proteste : « J’ai quitté la région parisienne pour échapper au béton. Et voilà qu’il me rattrape. C’est effrayant et cela ne me correspond pas du tout. C’est contraire à ce que recherchent les visiteurs qui viennent chez moi, le tourisme orienté vers la nature et le patrimoine. »

Aucune étude d’impact n’a été réalisée.

L’entreprise Ecolot, à l’origine du projet, a confié à Rixen Cableway, une société allemande qui se proclame être le leader mondial dans le domaine du ski nautique par câble, une étude de faisabilité pour aménager et planifier le site. Cette étude a été incluse dans la présentation pour la rénovation de la base nautique soumise à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Après analyse, le service public a renoncé, le 12 juillet, à exiger une étude d’impact pour le projet. Cependant, Bernard Delluc, secrétaire général de l’Association des amis de Caïx, estime qu’une telle étude est essentielle. « Une étude environnementale nous donnerait l’opportunité de communiquer notre position lors de l’enquête publique. Nous avons été négligés dans cette affaire », déclare-t-il avec indignation. Ils soutiennent la rénovation de la base, à condition que celle-ci reste familiale et accueillante.

M. Delluc souligne plusieurs lacunes dans le rapport sur le ski nautique. « Alors que nous sommes dans une zone très protégée – le bas du Lot et la Cévenne se trouvent dans une réserve naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique –, le rapport sous-estime fortement les surfaces à développer: il n’y a aucune mention des plates-formes et des ancrages arrières des poteaux, des pontons amarrés aux rives, des renforcements de protection et d’évitement en cas de crue et d’une dizaine de corps flottants « , détaille-t-il. M. Delluc fait également référence à la possible destruction de ripisylves – des bosquets installés sur les rives – et à l’absence d’évaluation de l’impact sur l’environnement aquatique.

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