Catégories: Actualité
|
22 octobre 2024 13 h 44 min

Avenir incertain de la confrérie

Partager

Des années durant, le décès de Fethullah Gülen, le prédicateur vivant en exil aux États-Unis, avait été sujet à de multiples rumeurs, toutes infondées. Cependant, le 21 octobre, les messages de condoléances sur les réseaux sociaux des membres de sa fraternité ont confirmé son décès à 83 ans. Gülen était une des personnalités les plus controversées de l’histoire récente de la Turquie.

Grâce à un développement consciencieux et systématique du Hizmet (qui signifie « service » en turc) depuis les années 1960, Fethullah Gülen était devenu un pilier de la politique turque. Le parti islamique conservateur AKP (Parti pour la Justice et le Développement, actuellement au pouvoir) a entretenu des liens étroits avec le mouvement jusqu’aux années 2010. L’accroissement graduel de l’animosité entre les deux parties a culminé en 2016, avec la tentative de coup d’État du 15 juillet, où 252 personnes ont perdu la vie et 2 700 ont été blessées.

Diverses organisations liées à la fraternité Gülen, désormais renommée FETÖ (« organisation terroriste fétuhaliste »), dont des universités, des médias, des associations et autres institutions, ont été fermées à la suite d’opérations de « nettoyage » massives après le 15 juillet. Cent trente mille individus ont été renvoyés de la fonction publique et de nombreux membres — avérés ou suspectés — de la fraternité ont été incarcérés, souvent sur la base de preuves douteuses. Des membres se sont réfugiés à l’étranger.

Depuis 2016, environ 80 000 citoyens turcs se sont installés en Europe pour échapper aux représailles dans leur pays, principalement en Allemagne, selon le magazine Der Spiegel. Bien qu’il soit compliqué de déterminer le nombre exact de membres du groupe exilé, l’existence de près de 300 associations et des efforts de lobbying démontrent leur présence active. Des sites d’information comme BoldMedya et Tr724 promeuvent un point de vue pro-Gülen auprès des communautés d’expatriés.

Can Dündar, ancien rédacteur en chef du journal d’opposition Cumhuriyet et maintenant résident de Berlin, s’inquiète de ce qu’il qualifie de naïveté allemande face à la véritable nature du groupe. Selon lui, même des individus haut placés dans les services de renseignement persistent à croire que c’est un mouvement pacifique, bien que leur lobbying soit extrêmement influent.

L’exemple de leur influence est visible dans le dérangement causé par un documentaire sur la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 pour la chaîne allemande ZDF. Les membres du groupe réfugiés en Allemagne ont essayé de bloquer sa diffusion. Dündar croit fermement que beaucoup d’anciens procureurs et membres militaires du groupe se cachent en Allemagne. La fin de cet article n’est accessible qu’aux abonnés.