La Géorgie s’oriente vers l’Europe. Dimanche 20 octobre, à la veille d’élections législatives décisives pour le futur du pays, des dizaines de milliers d’individus ont manifesté à Tbilissi, portant le message de leur désir d’intégrer l’Union Européenne (UE). Les 3,7 millions de résidents de cette ex-république soviétique du Caucase sont invités à exprimer leur vote le samedi 26 octobre, dans une élection vue comme un choix entre allégeance à l’UE ou à la Russie. Le parti en place, Rêve géorgien, ayant fait un pas notable vers la Russie après l’invasion de l’Ukraine par cette dernière en février 2022, vise une quatrième victoire contre des partis d’opposition qui soutiennent l’UE.
Le rassemblement de dimanche « démontre que la Géorgie a déjà remporté le combat pour réintégrer l’Europe, » a déclaré la présidente de la République, Salomé Zourabichvili. La leader pro-Euro, en désaccord avec le gouvernement, a expresé sa solidarité envers la présidente moldave sortante, l’européiste Maia Sandu, qui a également été désignée comme candidate au second tour le même jour, et dont le pays résiste aussi contre les tentatives d’interférence russes. Elle s’est également adressée au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, disant : « Vous luttez aussi pour la Géorgie. Vous serez victorieux et nous rejoindrons ensemble l’Union européenne. »
Après avoir acquis le statut de candidat officiel à l’Union Européenne (UE) en décembre 2023, succédant à l’Ukraine et à la Moldavie, la Géorgie semble désormais se réorienter vers la Russie. Ce changement de cap est intervenu après l’adoption en mai d’une loi controversée portant sur « l’influence étrangère ». Par ailleurs, 20% du territoire géorgien est occupé par l’armée russe depuis le conflit de 2008. Les défenseurs des droits humains ont alerté sur le fait que cette réorientation géopolitique est accompagnée d’atteintes sans précédent à la démocratie, un danger pour l’intégration européenne, un principe établi par la constitution georgienne. La nouvelle loi copycat d’une loi russe de 2012, vise à bâillonner les médias indépendants et la société civile. Cette dernière, très influente, est considérée comme un dernier barrage contre une dérive autoritaire du gouvernement, dont les commandes sont secrètement tenues par le milliardaire oligarque Bidzina Ivanichvili, face à une opposition affaiblie.
Dans une note diffusée le 17 octobre, précédant les élections, le Conseil Européen a exprimé sa « profonde inquiétude concernant le comportement du gouvernement géorgien, qui va à l’encontre des principes et valeurs fondamentales de l’UE ». À Bruxelles, lors de leur dernier sommet, les 27 membres de l’UE ont mis en garde, soulignant que « ce geste risque de saboter le parcours de la Géorgie vers l’Europe et d’interrompre effectivement le processus d’adhésion ». Ils ont appelé Tbilissi à « prendre des réformes démocratiques complètes et durables » et ont réitéré leur « soutien au peuple géorgien ». Selon les sondages, 80% de la population géorgienne est en faveur d’une intégration européenne.
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