Le plan du gouvernement de rehausser la taxe sur les billets d’avion a suscité une vague de protestations du secteur ces derniers temps. Néanmoins, cette majoration d’impôts sur l’aviation serait autant un pas avantageux pour le budget que pour l’écologie. Nous exhortons le gouvernement et les législateurs à poursuivre dans cette direction.
Effectivement, l’aviation bénéficie depuis des années d’un status fiscal très privilégié, englobant une exemption de taxe sur le kérosène et de TVA pour tous les billets à l’exception des vols intérieurs, ainsi qu’une dispense de marché de carbone pour les vols en dehors de l’Union européenne. Ceci équivaut à des pertes financières considérables pour la France, estimées par l’ONG Transport & Environnement à 6,1 milliards d’euros en 2025. Augmenter la taxe sur les billets d’avion pour récolter un milliard d’euros serait une première démarche bénéfique pour contrebalancer ces remises fiscales.
Rehausser les impôts sur l’aviation est aussi un prérequis essentiel pour diriger l’aviation vers la décarbonisation. La fiscalité, avec d’autres méthodes telles que l’arrêt de l’étalement des aéroports et le plafonnement du nombre de décollages, est en réalité un outil efficace pour empêcher une croissance incontrôlée du secteur. En augmentant le prix des billets, elle reflète plus précisément l’impact environnemental d’un vol et restreint la création artificielle d’une demande.
Malgré la crainte que l’augmentation de la taxe puisse « tuer » l’aviation, elle devrait en fait modérer l’explosion incontrôlée du secteur. Le trafic aérien international à partir de la France a déjà surpassé les chiffres d’avant la pandémie, et Airbus prédit que cela continuera de croître au cours des deux prochaines décennies – entre 2,4 et 4,1 pour cent chaque année, en fonction de la destination. Si cette croissance est maintenue, le trafic mondial devrait doubler d’ici 2043, compromettant tout plan de décarbonation.
Au-delà de la nécessité de contrôler la demande, la décarbonation de l’aviation dépendra également du remplacement du kérosène fossile par des carburants de substitution. Cependant, ces carburants alternatifs consomment beaucoup d’énergie et mettent déjà à mal les ressources disponibles. Si la croissance du trafic aérien n’est pas limitée, la décarbonation deviendrait tout simplement irréalisable. Pour illustrer, si 40% du kérosène fossile utilisé par les avions en partance de la France est remplacé par des carburants synthétiques d’ici 2050, il faudrait plus de 150 TWh d’électricité décarbonée – l’équivalent de la production de douze réacteurs EPR, selon les prévisions de l’industrie.
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