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Déconstruire croyances sur le viol

Dans « Le Viol. Anatomie d’un crime, de Lucrèce à #metoo », Mithu Sanyal, traduit par Vincent Langlois et Gerrit Wetter, aux Éditions Ecosociété, examine de manière approfondie l’histoire et les effets du viol. L’auteure y évoque l’histoire de Lucrèce, une Romaine qui s’est suicidée pour prouver son innocence après le viol, tandis que l’histoire de Chiomara, une Celte qui a tué son violeur, est souvent oubliée. Ces deux histoires ont été racontées par Tite-Live et pourtant, la première est devenue le symbole du viol selon Sanyal. Cette perspective est révélatrice de notre compréhension et perception du viol.

Sanyal s’appuie sur une analyse historique, sociale et juridique dans son étude du viol afin de mieux définir et comprendre la « culture du viol » qui met en lumière des préjugés persistants sur les relations de genre et la sexualité. En intégrant dans son récit des événements récents, comme le mouvement #metoo, l’augmentation des plaintes pour discrimination sexuelle et harcèlement sur les campus américains, ou encore les propos « sexistes et vulgaires » de Donald Trump, elle offre une vision actuelle et pertinente du débat entourant le viol. Cet ouvrage compte 284 pages et est vendu au prix de 22 €.

Au lieu de suivre un parcours chronologique pour raconter cette histoire, Mithu Sanyal préfère « dessiner des parcours narratifs » et « illuminer des liens », en guidant son récit à travers « les liens de filiation et les continuités, pour mettre en relief les croyances qui en émanent ». Cette méthodologie lui donne l’opportunité de dévoiler les aspects ignorés de nos visions du monde, tels que la perception erronée du viol comme un délit commis exclusivement par des hommes sur des femmes, tout en négligeant les hommes qui en sont victimes, ou l’explication stéréotypée de sa banalité en se référant aux descriptifs dépassés de « l’homme viril » et de « la femme frigide ».

Consternée par le fait que la déconstruction graduelle des stéréotypes de genre ne parvient pas à toucher ce type de représentations, elle fouille, dans une tentative de perturber et de déconstruire systématiquement, les « convictions de base qui se sont solidifiées en vérités indiscutées ». Dans le discours public, ainsi que dans le droit, Mithu Sanyal décèle par exemple l’endurance de l’exigence qu’un viol doit correspondre à une image stéréotypée pour être considéré comme tel : il doit être perpétré par un homme, menaçant, marginal, contre une femme respectable, autrement dit, inimaginable qu’elle puisse avoir le moindre désir.

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