La docteure Hala Kerbage, une psychiatre renommée et gestionnaire du centre pour enfants-adolescents traumatisés de Montpellier, inauguré en 2023, éclaire la complexité du stress post-traumatique chez les jeunes. Elle est également auteure de l’ouvrage « J’accompagne mon enfant face au traumatisme » publié sous la maison d’édition Ellipses en 2022. Ayant des racines libanaises, elle exerçait également à Beyrouth durant la période 2014-2020.
Comment les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) se distinguent-ils chez les enfants et les adolescents ?
Les signes typiques du TSPT sont presque semblables à ceux observés chez les adultes. Par exemple, les rechutes traumatiques, la hypervigilance caractérisée par des sursauts fréquents ainsi que la mise en vigilance constante face à d’éventuels dangers, et l’évitement de toute situation susceptible de rappeler le traumatisme. En plus de ceux-ci, des changements émotionnels et comportementaux de différents niveaux peuvent survenir, comme la tristesse, l’irritabilité, la peur, les sautes d’humeur, les troubles du comportement, et les problèmes de concentration.
Des instances de dissociation mentale où l’enfant a l’air absent, avec le regard perdu dans le vague, sont aussi très communs. Les enfants plus jeunes ont tendance à manifester leurs symptômes davantage par des troubles du comportement, surtout s’ils n’ont pas encore acquis l’aptitude à exprimer verbalement leurs sentiments. Les enfants d’âge préscolaire, par exemple, pourraient rejouer l’événement traumatisant à travers le jeu ou le dessin.
Il n’est pas rare que les jeunes et les adolescents se renferment, luttent pour communiquer, ou font preuve d’un comportement de désobéissance envers les parents. La probabilité pour un adolescent d’adopter des pensées ou des comportements autodestructeurs, d’automutilation, de prendre des risques, ou de s’adonner à l’alcool ou aux drogues, est augmentée. Ceci peut entraver des périodes essentielles de développement durant l’enfance et l’adolescence. De ce fait, il est important de rester vigilant et d’intervenir rapidement.
Certes, dans la plupart des cas, ces réactions diminuent progressivement et finissent par se volatiliser, alors qu’en 2023, 60% des enfants de moins de 18 ans dans le monde ont été confrontés au moins une fois à une situation traumatisante. Les recherches indiquent que suite à une exposition unique (comme un accident de voiture, un séisme, etc.) 80% des enfants et adolescents retrouvent leur « fonctionnement normal », tandis que 20% d’entre eux développeront un trouble de stress post-traumatique ou d’autres troubles associés (dépression, anxiété, etc.).
Par contre, en cas de traumatisme répété et prolongé, particulièrement s’il y a eu violence interpersonnelle avec intention de nuire (sexuelle, physique), c’est malheureusement beaucoup plus courant.
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