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20 octobre 2024 0 h 47 min

Trump 2024 : théories complotistes

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Depuis le début de la course pour la présidentielle de 2024, Donald Trump a continuellement diffusé de fausses informations, des théories complotistes et des clichés racistes, élargissant chaque jour ses « vérités alternatives ». Il a décrit les immigrants comme des barbares, alerté sur des fraudes électorales supposées et porté des accusations de manipulation dans les rassemblements démocrates.

Cependant, cette description quasi ordinaire cache une autre réalité. Trump a une relation complexe, changeante et diverse avec le conspirationnisme. Ceci est révélé par l’analyse de 870 tweets ouvertement conspirationnistes publiés sur Twitter et son réseau Truth Social depuis 2009.

« André Gagné, professeur à l’Université Concordia de Montréal et auteur de « Ces évangéliques derrière Trump » (Labor et Fides, 2020), fait remarquer que Trump a une capacité remarquable à adapter son discours. « Il s’arrange pour être extrême jusqu’à un certain point, puis se retient dans certaines situations, se voulant à la fois radical et rationnel », dit-il.

Au début, lorsqu’il s’engage à soutenir le parti républicain, cet ancien donateur du parti démocrate se présente principalement comme le porte-parole des birthers. C’est une faction radicale qui prétend que l’ancien président Barack Obama est né hors des États-Unis, ce qui serait en infraction à la Constitution.

Malgré les preuves qui suggèrent le contraire, Donald Trump a répété trente-sept fois une attaque sur Twitter, insinuant parfois que Barack Obama est kényan, musulman, ou qu’il a donné un faux certificat, une affirmation qu’il maintient à la télévision. Françoise Coste, historienne du Parti républicain à l’Université de Toulouse et auteur de Reagan (Tempus Perrin, 2018), explique que c’est ainsi qu’il a fait son entrée dans le parti. Cette démarche a eu un impact important sur les téléspectateurs et sur la base du parti, lui permettant de se construire une légitimité politique.

Par opportunisme, il se dissocie du mouvement birther lors de la campagne électorale de 2016 et accuse Hillary Clinton d’en être à l’origine. Entre-temps, il utilise tous les outils du complotisme conservateur, alimenté en partie par le think-tank The Heritage Foundation, se présentant comme convaincu de fraudes électorales démocrates, sceptique envers le changement climatique et subtilement anti-vaccins.

Malgré le soutien du Parti républicain à l’immigration, qui fournit de la main-d’œuvre à l’industrie agroalimentaire, le milliardaire fait campagne sur la promesse d’un mur à la frontière avec le Mexique. Marie-Laure Mallet, maître de conférences en études anglophones à l’université Sorbonne Nouvelle et co-auteur de Les Etats-Unis et l’Amérique latine de Franklin D. Roosevelt à Barack Obama (Ellipses, 2023), note qu’ « alors que tous les candidats cherchaient à attirer l’électorat latino, en s’en prenant aux immigrants mexicains illégaux, il a pris l’opposé ».