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Magyd Cherfi : enfants partagés

Salim, le protagoniste principal du dernier livre de Magyd Cherfi, parle de son affection profonde pour ses enfants : « J’aimais tellement mes enfants que je faisais toujours des efforts pour répondre à leurs attentes, en leur donnant généralement ce qu’ils demandaient ». Âgé de 61 ans, cet écrivain et chanteur a écrit un roman qui dépeint une grande ressemblance avec lui-même. Il est aussi le fils d’une mère kabyle algérienne et appartient à une grande famille. Son personnage de fiction, tout comme lui, a deux fils auxquels il voudrait exprimer : « Je suis heureux que vous n’ayez pas l’intention de me laisser, contrairement à moi qui avais tellement envie de quitter mes parents à votre âge. » Dans la réalité, ses deux fils, qu’il a eus avec sa femme Zoulie, sont âgés de 27 et 30 ans et vivent toujours avec lui.

Lorsqu’on lui a demandé quand il s’est senti père pour la première fois, il a répondu que c’était bien avant la naissance de ses enfants. Il comprenait, même avant leur naissance, qu’il devait être un bon père. Bien qu’il soit musicien et rockeur, il ne voulait pas seulement être un père artiste, mais un père présent et réaliste.

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait déjà pleuré devant ses enfants, il a répondu qu’il ne le pensait pas. Il suppose qu’à cause d’une certaine notion de virilité, se voir en tant que figure paternelle forte qui ne pleure pas, a retenu ses larmes.

Concernant la pire chose qu’il ait jamais dite à ses enfants…

Ayant été confrontés à des attaques verbales à caractère raciste à l’école, mes petits ont posé la question, « Papa, sommes-nous français ? » En hésitant à répondre immédiatement, en expliquant que leur couleur cutanée pourrait les renvoyer à leurs ancêtres, j’ai semé le doute en eux, et cela m’a blessé.

Dans l’œuvre « La Vie de ma mère ! », les enfants reprochent à leur père de les avoir déconnectés de leur passé, de leur patrimoine culturel. Ils lui disent : « Tu n’es pas sorti d’un chou ! »… Certains parents commettent également cette erreur, croyant qu’en choisissant des prénoms français traditionnels pour leurs enfants, ils éviteront les difficultés.

A l’âge de 17 ans, mon fils aîné a exprimé son désir de respecter le ramadan. Sa mère et moi, bien que nous soyons plutôt athées et critiques envers les religieux, nous avons tenté de ne pas leur transmettre notre aversion pour la religion. Nous avons trouvé que la meilleure approche était de leur dire que la croyance est un choix personnel, pour leur apporter une mentalité plus adaptable. Donc, lorsque notre aîné a voulu pratiquer le ramadan, nous l’avons soutenu dans son choix. Je faisais les courses, sa mère cuisinait… Nous avons fait tout notre possible pour qu’il ne se braque pas. Cette pratique a été pour lui une expérience, influencée par ses amis et ses cousins qui la pratiquaient, plutôt qu’une réelle conviction. Il n’a pas exprimé le souhait de le refaire l’année suivante.

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