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20 octobre 2024 11 h 47 min

Faillite du renseignement israélien

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Benyamin Nétanyahou a occupé le rôle de chef du gouvernement israélien pendant plus de dix-sept ans (de 1996 à 1999, de 2009 à 2021 et finalement depuis presque deux ans). Son exceptionnelle durée au pouvoir est attribuable à ses compétences politiques extraordinaires, mises en évidence par son refus d’admettre toute responsabilité dans les nombreuses défaillances qui ont marqué sa longue carrière.

Cela a été particulièrement évident lors de l’effondrement de la sécurité le 7 octobre 2023, qui a laissé une portion de la population israélienne impuissante face à la campagne de terreur initiée par le Hamas et ses milices alliées depuis Gaza. Il est donc attendu que le Premier ministre mette tout en œuvre pour retarder, voire bloquer, la création d’une commission d’enquête sur ce « fiasco de sécurité » et, le cas échéant, pour entraver ses travaux.

Cependant, le Centre de lutte contre le terrorisme (CTC) de la prestigieuse Académie militaire de West Point aux États-Unis a récemment publié une étude bien documentée qui expose les principales raisons de cet échec sécuritaire, d’autant plus stupéfiant puisqu’Israël se targue d’avoir des services de renseignement parmi les plus performants au monde. La tendance idéologique en fin de texte est également mentionnée.

Le CTC rapporte qu’Israël n’a pas manqué d’informations pour prédire l’attaque du 7 octobre 2023, mais plutôt la capacité de comprendre ces informations. La majorité de la classe dirigeante politique et militaire israélienne était persuadée que les enjeux palestiniens étaient relégués en arrière-plan suite aux accords de normalisation d’Abraham en automne 2020, signés entre Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Cette perception a fait que le renseignement israélien a mis la menace émanant de l’Iran et de ses proxies régionaux, comme le Hezbollah, en tête de ses préoccupations. De ce fait, la plupart des ressources ont été déployées contre cette milice libanaise. Cette stratégie a permis à Israël d’infliger de lourdes pertes au Hezbollah et à ses dirigeants entre le 17 et le 27 septembre. Par ailleurs, il a fallu plus de douze mois pour éliminer le chef du Hamas, Yahya Sinouar, à Gaza, une opération qui a entraîné une destruction massive de l’ensemble de l’enclave palestinienne.

L’intelligence israélienne a sous-estimé la détermination du Hamas à lancer une offensive, en raison d’un biais idéologique restrictif. Cela rappelle l’inattention israélienne, il y a cinquante ans, aux préparatifs d’une offensive coordonnée par l’Egypte et la Syrie, ce qui a conduit à la surprise de la guerre du Kippour, le 6 octobre 1973. Après la victoire de la guerre des Six-Jours en juin 1967, les dirigeants israéliens étaient tellement euphoriques qu’ils ne pouvaient concevoir que les armées arabes puissent lancer une offensive aussi audacieuse.
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