L’extrait suivant est tiré de la lettre d’information « Chaleur humaine », diffusée chaque mardi à midi et demi. Nabil Wakim, journaliste et animateur du podcast du même nom, répond chaque semaine aux questions posées par les internautes concernant les enjeux climatiques. Vous êtes invités à vous abonner gratuitement, en cliquant ici.
La question de cette semaine est posée par Gabriel : « Quelles sont les alternatives possibles pour remplacer le fioul dans les avions? J’ai cru comprendre que les biocarburants n’étaient pas une excellente solution, mais est-ce que les carburants synthétiques pourraient être une option viable? Est-ce une alternative durable au pétrole? »
Ma réponse est la suivante : Non. Il ne faut pas se baser uniquement sur les biocarburants ou les carburants synthétiques comme substituts au kérosène dans les avions. Bien qu’ils puissent contribuer à une certaine mesure, ils n’offriront pas une solution pouvant nous aider à atteindre nos objectifs climatiques. (Pour une analyse plus détaillée de la question des vols et du climat, je vous recommande cet épisode de « Chaleur humaine », « Faut-il arrêter de prendre l’avion ? » avec la chercheuse Isabelle Laplace)
Mais de quoi parle-t-on réellement? L’appellation générale utilisée est SAF, qui signifie « Sustainable aviation fuels » en anglais, et qui se traduit généralement par « carburants durables d’aviation ». Plusieurs réalités se cachent derrière cette appellation. On pense généralement aux biocarburants, produits à partir de ressources agricoles, un peu à la manière de ceux utilisés dans l’automobile. Ils peuvent aussi être fabriqués à partir d’huile de cuisson recyclée. Une autre catégorie comprend les carburants synthétiques, parfois appelés e-fuels, qui sont manufacturés en usine, par exemple en combinant du CO2 avec de l’hydrogène.
Le contenu original stipule que les carburants alternatifs pour avions (SAF) représentent actuellement moins de 1% du total des carburants pour le secteur aéronautique à l’échelle mondiale. Leur principal avantage est qu’ils peuvent déjà alimenter les avions, en étant mélangés à du kérosène. Ainsi, une petite proportion de ces carburants non conventionnels est intégrée au pétrole utilisé dans les avions.
Il y a cependant des complications. Être réaliste et croire qu’une grande portion du pétrole utilisée dans les avions sera remplacée par ces SAF d’ici 2050 n’est qu’un rêve.
La première complication réside dans le fait que la production de biocarburants est minuscule par rapport à la demande. Pour l’augmenter, il serait nécessaire d’exploiter beaucoup de terres agricoles, par exemple, créant un risque de concurrence avec les besoins alimentaires, entre autres choses. De plus, d’autres secteurs de la transition auront des besoins similaires (comme par exemple la production de biogaz). Sans oublier que cela pourrait accélérer la déforestation et aggraver le bilan carbone, ce qui serait catastrophique.
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