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19 octobre 2024 0 h 47 min

Zelensky : OTAN sur nucléaire

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Le présent compte-rendu a été le fruit du travail collectif de plusieurs personnes notamment : Cécile Bouanchaud, Glenn Cloarec, Minh Dréan, Sandra Favier, Jérémie Lamothe, Solène L’Hénoret et Marie Pouzadoux.
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Fermer tout : Comment Moscou et Kiev utilisent-ils les drones dans leur stratégie ?
La guerre des drones s’est intensifiée ces derniers mois entre la Russie et l’Ukraine. D’après un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour mettre en perspective, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans ses stocks.
Les forces ukrainiennes et russes utilisent principalement de petits UAV (véhicules aériens non pilotés) de source civile, qui sont abordables et disponibles en grande quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter des charges explosives mineures, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien qu’en moindre quantité, les drones kamikazes sont également significatifs. Munis d’explosifs, ces UAV sont dépêchés au-dessus des lignes frontalières sans mission prédéfinie. Moscou emploie des drones russes Lancet-3 et des Shahed-136 iraniens. En l’absence d’une flotte militaire appropriée, l’Ukraine défie l’adversaire avec des navires non pilotés, des mini-kayaks télécommandés, équipés d’explosifs (450 kilos de TNT).

En raison de l’importance cruciale des drones pour leurs opérations, tant les ukrainiens que les russes se sont préparés pour soutenir leurs troupes à long terme, en achetant en gros des drones civils sur le marché, mais aussi en développant leur propre capacité de production. Maladroite au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a depuis renforcé sa présence. Fin août, le ministre ukrainien du numérique a révélé qu’un clone du drone russe Lancet avait été fabriqué et sera bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Empêchée par les sanctions occidentales qui restreignent son accès aux composants électroniques, la Russie éprouve plus de difficultés. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait entamé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y produire des drones kamikazes de conception iranienne, comme les Shahed-136.

Quelles sont nos connaissances sur les stocks de missiles russes ?
Il est extrêmement compliqué, voire impossible, de connaître l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens partagent régulièrement des informations sur le sujet, mais leurs estimations sont sujettes à interprétation.

D’après ce qu’a indiqué Andri Ioussov, représentant de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense (GUR), et comme rapporté par Liga.net, l’arsenal de l’armée russe comprenait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le déclenchement du conflit, et plus de 900 étaient encore en stock au début de l’année. Outre ces chiffres, le représentant a fait remarquer que des milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un nombre significatif de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande, s’ajoutaient à cet inventaire. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en charge du GUR, a estimé le nombre de missiles avec une portée dépassant 500 kilomètres à 585.

En termes de capacités de production, plusieurs experts s’accordent à dire qu’elles sont passées à une fabrication de cent missiles balistiques ou de croisière chaque mois. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Par ailleurs, la Russie aurait acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et continue d’en acheter. Selon Reuters, qui s’appuie sur plusieurs sources iraniennes, depuis janvier, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie après la conclusion d’un accord. On ne sait pas combien de missiles de Corée du Nord la Russie a acquis, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont analysé les restes des missiles et leurs trajectoires pensent qu’il s’agit vraisemblablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Au commencement d’août, l’Ukraine a accueilli les premiers F-16, des avions de guerre made in USA, fortement sollicités par cette dernière depuis le déclenchement des hostilités. Pour Oleksandr Syrsky, chef de l’armée, l’emploi efficace de ces appareils récents contribuera à préserver la vie des militaires ukrainiens. Ruslan Stefanchuk, président du Parlement, a exprimé sa satisfaction suite à l’arrivée de « l’avion de combat tant espéré, capable d’amplifier significativement nos potentialités ».

Cependant, l’état major ukrainien a confirmé le trente août, qu’un de ces avions s’est écrasé, causant la mort de son pilote, en parant une attaque de missiles russes à large échelle sur l’ensemble du territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Kiev ne cessait de réclamer la livraison de F-16 américains. Le président américain, Joe Biden, avait consenti en août 2023 à l’introduction de ces appareils américains en Ukraine, bien que les Etats-Unis n’aient fourni aucun de leurs avions.

D’ici 2028, Kiev devra recevoir 95 avions promis par les alliés : trente en provenance de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. En fin mai, la Suède s’est également engagée à fournir un avion Awacs, essentiel pour le recueil de renseignements et la coordination d’opérations potentielles avec des F-16.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être instruits sur ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à assumer la formation des pilotes.

Quel soutien militaire les alliés apportent-ils à Kiev ?

Deux années se sont écoulées depuis le déclenchement du conflit de grande envergure. Le soutien occidental en faveur de Kiev semble décliner, et cela est mis en évidence par la diminution des aides nouvelles de août 2023 à janvier 2024, comparées à la même période de l’année précédente, comme le démontre le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Le Sénat américain et l’Union européenne ont toutes les deux du mal à approuver des aides financières, le dernier paquet de 50 milliards d’aide adopté par l’UE le 1er février 2024 ayant été entravé par l’opposition de la Hongrie. Il est à noter que ces deux paquets d’aides ne sont pas inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui compte jusqu’en janvier 2024 seulement.

Selon l’Institut allemand, le nombre de donateurs diminue et se resserre sur un groupe central de pays : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et est de l’Europe, qui consentent une aide financière généreuse ainsi que du matériel militaire de pointe. Depuis février 2022, les nations soutenant Kiev ont promis un engagement totalisant au moins 276 milliards d’euros en aides militaires, financières et humanitaires.

En termes absolus, ce sont les pays les plus riches qui se sont avérés les plus généreux. Les États-Unis se positionnent comme les premiers donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros promis, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros ainsi que des aides collectives de 93,25 milliards d’euros provenant des fonds de l’Union, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

L’apport de chaque pays donateur au produit intérieur brut (PIB) révèle un classement différent. Les États-Unis passent du premier au vingtième rang, avec seulement 0,32 % de leur PIB consacré à l’aide, se positionnant bien après des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. Avec 3,55 % de son PIB alloué à l’aide, l’Estonie arrive en première position, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). Les positions restantes du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Ces trois nations baltes, toutes voisines de la Russie ou de son partenaire, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.
En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France occupe le vingt-septième rang avec seulement 0,07 % de son PIB consacré à l’aide, juste après la Grèce (0,09 %). L’assistance offerte par la France a connu une diminution progressive depuis le début de l’occupation ukrainienne par la Russie – la France était à la vingt-quatrième place en avril 2023 et à la treizième en été 2022.
Quelles sont les informations sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne éprouvent des difficultés dans leurs relations, principalement causées par le transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, des initiatives de solidarité avaient été prises par la Commission européenne afin de faciliter l’évacuation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, exemptés de droits de douane. Cependant, la Farm Foundation, un groupe de réflexion sur les questions agricoles mondiales, a observé que près de la moitié des céréales ukrainiennes finissent leur voyage ou transitent par l’Union européenne (UE). Notamment, elles sont commercialisées à un coût considérablement inférieur à celui du blé cultivé en UE, et principalement dans les pays d’Europe centrale.

En réaction à cet état de choses, qui perturbe le marché intérieur et les revenus des agriculteurs, plusieurs pays dont la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie avaient décidé de suspendre leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait accepté cet embargo, à condition qu’il ne fasse pas obstacle au transit vers d’autres pays et qu’il ne soit maintenu que pendant quatre mois. Cependant, à la fin de l’été, Varsovie a maintenu la fermeture de sa frontière aux céréales ukrainiennes, arguant que le problème n’avait pas été résolu. Cette action a été entreprise malgré les conclusions de Bruxelles qui a estimé que l’embargo n’était plus justifié car leurs analyses ont démontré que les marchés nationaux pour les céréales ne subissaient plus de distorsion.

Depuis la frontière ukraino-polonaise, les cultivateurs polonais entravent l’entrée des camions ukrainiens dans leur nation. Ces derniers exigent l’interdiction totale des produits alimentaires et agricoles en provenance de l’Ukraine. Ils décrient notamment une forte augmentation de leurs dépenses de production pendant que les prix restent au plus bas et que leurs silos et magasins sont surchargés. Le dirigeant ukrainien a interpellé, au début de 2024, sur la preuve de « l’affaiblissement de la solidarité » qu’offre le blocage de la frontière polonaise envers son pays. Il a en plus sollicité un dialogue avec le gouvernement polonais. « Seul le Kremlin se délecte » de ces conflits, a-t-il également précisé, en condamnant « la survenue de slogans clairement favorables à Poutine ».