L’objectif principal de la présentation d’un programme, dont les principales composantes avaient été révélées ces derniers temps, n’était pas la présentation en elle-même, mais plutôt la transmission d’un message d’unisson. Le 16 octobre, deux ans et demi suite à l’attaque russe du 24 février 2022, Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, a dévoilé à l’assemblée nationale son « plan pour la victoire » à travers un discours qui visait à rassurer et à unir dans un contexte très morose pour son pays.
Depuis quelques mois, la présidence envisage l’éventualité de lancer des pourparlers de paix avec la Russie. L’incertitude à propos du résultat des élections présidentielles américaines de novembre, qui pourrait influer sur la politique de soutien de leur allié le plus influent, alarme les Ukrainiens. Une autre source de préoccupation réside dans l’hiver entrant, alors que les forces de Kremlin se sont, depuis des mois, employées à anéantir la plupart des installations énergétiques du pays avec des frappes de missiles et de drones. Sur le terrain, à l’est, les forces de Kiev, moins bien équipées et en infériorité numérique par rapport à l’armée russe, continuent de battre en retraite.
Cependant, bien que les appels à des négociations progressent au sein de la population selon que la guerre se prolonge, une énorme majorité s’oppose toujours à toute concession territoriale. « Si les négociations impliquent le gel de la situation actuelle avec la Russie, qui exploitera l’opportunité pour ensuite reprendre l’attaque, alors non, les Ukrainiens ne sont pas prêts pour cela. Les Ukrainiens ont besoin d’une garantie de sécurité », déclare Oleksiy Haran, professeur et chercheur à la Fondation des Initiatives Démocratiques à Kiev.
Le « plan de la victoire » proposé par M. Zelensky ambitionne principalement de renforcer la position de l’Ukraine par l’obtention d’une augmentation militaire de ses alliés et des assurances sécuritaires. Cependant, des voix critiques ont souligné que l’avenir du pays reposait fortement sur ses alliés. L’une de ces critiques, provenant du député Oleksiy Hontcharenko du parti Solidarité européenne, le principal parti d’opposition parlementaire dirigé par l’ancien président Petro Porochenko, a jugé le plan « extrêmement irréaliste » sur Facebook. Mr Hontcharenko affirme que le débat sur leurs capacités réelles est absent et que seuls des mots peu significatifs sont prononcés.
Le gouvernement ukrainien a fait une demande pour rejoindre l’OTAN ou utiliser des missiles longue portée pour cibler des régions à l’intérieur de la Russie, mais ces demandes ont été rejetées par les alliés, qui anticipent une aggravation de la guerre. Volodymyr Fessenko, analyste politique et directeur du laboratoire d’études politiques Penta à Kiev, a qualifié Zelensky de maximaliste dans une chronique publiée par le média NV.UA. Il indique que Zelensky fixe délibérément des exigences politiques élevées malgré le fait qu’il n’y aurait pas de réponse immédiate. Durant les deux ans et demi de conflit, Zelensky s’est habitué à recevoir d’abord un « non », puis un « nous y réfléchirons » et finalement un « oui ». Cependant, la première étape est de proposer aux partenaires une solution concrète, puis d’insister avec détermination.
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