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19 octobre 2024 15 h 47 min

Paris : Mémoire des fanzines

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Dans le 20ème arrondissement de Paris, niché au cœur de la cité, se trouve une petite boutique appelée Fanzinarium. Une pancarte est accrochée au-dessus des étagères bleues indiquant qu’il n’y a « rien à vendre ». Mais une autre informe les visiteurs que « tout est à lire ». Plus de 6 000 fanzines datant des années 60 à nos jours sont disponibles pour la lecture chaque mercredi soir et dimanche après-midi. Cette bibliothèque communautaire et bénévole, dédiée aux fanzines, célébrera son cinquième anniversaire le samedi 19 octobre au Café La Pêche à Montreuil en Seine-Saint-Denis.

On peut encore deviner que cet espace était autrefois une cordonnerie grâce au papier peint orné de chaussures rouges. Les visiteurs peuvent s’asseoir à une table ou sur une marche d’escalier, en fonction de l’affluence. Maël Rannou, bibliothécaire et auteur de plusieurs articles sur les fanzines en France, explique qu’il est difficile de quantifier ou de définir ce phénomène. Cependant, il précise que la distribution de ces publications se fait en dehors des canaux traditionnels. Par ailleurs, il n’y a aucune restriction en termes de contenu, de format ou de fréquence de publication.

Le sol au plafond fourmille d’exemples de la variété des sujets traités par les publications populaires, allant de l’anarchiste On a faim! à la poétique inhabituelle d’Angèle Douche, en passant par Ikki qui se moque des mangas. Les fanzines, qu’ils traitent du punk, du cinéma, de la pop japonaise, du véganisme, des sexualités et plus encore, sont nés d’un manque et d’un certain vide dans les médias traditionnels, ainsi que de la marginalisation des centres d’intérêt, à l’instar des premiers « zines » sur la science-fiction créés aux États-Unis dans les années 1930. En France, les fanzines ont surtout pris leur essor après la Seconde Guerre mondiale, en particulier avec l’avènement des photocopieurs.

Quelques fanzinothèques existent en France

Au Fanzinarium, il y a tout un volet des contre-cultures françaises et de l’esprit des communautés de fans, qu’elles aient vu le jour avant ou après l’avènement d’Internet, qui attend d’être exploré et redécouvert. Ont-ils par hasard ce livret que l’on a vu lors d’un festival au début des années 2000, où des fans de manga transformaient des personnalités politiques en personnages japonais ? La mention de ce livret fait écho chez Delphine Ya-Chee-Chan, membre fondatrice qui nous reçoit ce dimanche d’automne, et qui finit par le retrouver dans ses archives.

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