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19 octobre 2024 3 h 49 min

Échange de prisonniers Russie-Ukraine

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Cécile Bouanchaud, Glenn Cloarec, Minh Dréan, Sandra Favier, Jérémie Lamothe, Solène L’Hénoret et Marie Pouzadoux ont tous apporté leur aide à la création de ce direct. Nous vous invitons à découvrir tous nos contenus – articles, analyses et reportages – sur le conflit en Ukraine.

Reportage : En menant une offensive à Koursk, l’Ukraine endosse un rôle nouveau en tant que force d’occupation.
Décryptage : Face aux attaques russes, les troupes ukrainiennes se sont retirées de Vouhledar et continuent de reculer.
Lettre de : À Kiev, un musée consacré au conflit avec la Russie a été créé.
Reportage : Selon un rapport de l’ONU, les prisonniers de guerre russes auraient subi des traitements inhumains et dégradants.

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Comment est-ce que Moscou et Kiev emploient des drones ?

La bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée de manière sans précédent ces derniers mois. Un rapport britannique spécialisé dans les questions de défense, publié en mai 2023, révèle que les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française n’a que légèrement plus de 3 000 drones dans ses arsenaux.

Les drones utilisés par les forces ukrainiennes et russes sont principalement de petits UAV civils (véhicules aériens non pilotés), qui sont peu coûteux et largement disponibles. Ces appareils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins fréquents, jouent un rôle considérable. Munis d’une charge explosives, ces Véhicules Aériens sans Pilotes (UAV) sont lancés au-dessus des lignes de front sans objectifs spécifiques préalablement définis. La Russie utilise le Lancet-3, un drone russe, ainsi que le Shahed-136 fabriqué en Iran. Dans l’absence d’une véritable marine de guerre, l’Ukraine utilise des navires sans pilote, des petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).
La valeur des drones dans leurs opérations a conduit les Ukrainiens et les Russes à s’organiser pour maintenir leurs forces en opération, non seulement par l’achat en gros de drones civils sur le marché, mais aussi en développant leurs propres capacités de production. En dépit des débuts chancelants lors du conflit du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne a depuis évolué. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’un clone du drone russe Lancet avait été développé et sera bientôt déployé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.
Limitée par les sanctions occidentales qui restreignent son accès aux composants électroniques, la Russie a davantage de difficultés. Cependant, selon le renseignement américain, Moscou aurait commencé à établir une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour la production de drones-kamikazes iraniens, comme les Shahed-136.
Qu’en est-il des réserves de missiles russes ?
Il est extrêmement difficile, si ce n’est impossible, de déterminer l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Le renseignement ukrainien rapporte régulièrement sur cette question, mais leurs chiffres sont douteux.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, le porte-parole du GUR chargé du renseignement pour le ministère de la défense, citées par Liga.net, l’arsenal russe comptait initialement 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, ce nombre s’étant réduit à plus de 900 en début d’année. En outre, le porte-parole déclare que ce total est augmenté par des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, d’une portée d’environ 120 kilomètres, et un stock significatif de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, le vice-président du GUR, Vadym Skibitsky, citaient 585 missiles ayant une portée dépassant 500 kilomètres.

En termes de capacités de production, le consensus parmi les experts est qu’elles auraient augmenté jusqu’à une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Par ailleurs, la Russie aurait obtenu des missiles de courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, avec l’acquisition continue de ces derniers. Selon Reuters, qui se base sur différentes sources iraniennes, la Russie aurait reçu 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (de 300 à 700 kilomètres de portée) depuis janvier, une date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu, cependant, 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont analysé les fragments et les trajectoires suggèrent qu’il s’agit probablement de modèles KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Quant aux avions de combat F-16, aucune information n’a été donnée.

Début août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des avions de guerre américains très attendus depuis le déclenchement du conflit. Oleksandr Syrsky, le commandant des forces armées, est convaincu de l’efficacité de ces aéronefs modernes pour protéger la vie des soldats ukrainiens. Ruslan Stefanchuk, le Président du Parlement, a également exprimé sa satisfaction quant à l’arrivée de ces jets de combat, qui ont le potentiel de booster significativement leurs capacités.

Cependant, le 30 août, le haut commandement ukrainien a rapporté le crash de l’un de ces avions et le décès de son pilote, qui intervenaient suite à une attaque massive de missiles russes sur l’ensemble du territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Kiev aspirait à obtenir ces F-16 conçus aux Etats-Unis. En août 2023, le président américain, Joe Biden, a approuvé l’envoi de ces avions fabriqués aux Etats-Unis en Ukraine, bien que les Etats-Unis n’en fournissent aucun directement.

D’ici 2028, les alliés ont promis de livrer 95 avions à Kiev : 30 de Belgique, 24 des Pays-Bas, 22 de Norvège et 19 du Danemark. La Suède a également promis, fin mai, de fournir un avion de type Awacs, crucial pour le renseignement et la coordination d’éventuelles opérations avec des F-16.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation spécifique pour piloter ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à assurer cette formation de pilotes.

Quel type de soutien militaire ces alliés accordent-ils à Kiev?

Deux ans après l’escalade du conflit, le soutien de l’Occident pour Kiev ralentit. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024, les aides récemment mises en œuvre ont diminué entre août 2023 et janvier 2024, par rapport à la même période de l’année précédente. Cette baisse pourrait se maintenir, en raison des difficultés du Sénat américain pour voter les aides et des obstacles rencontrés par l’Union européenne pour mettre en place une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. À noter, ces deux paquets d’aide n’ont pas encore été inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, clôturé en janvier 2024.

Les données du centre scientifique allemand mettent en lumière une diminution du nombre de donateurs centrée sur un groupe de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, qui s’engagent à offrir à la fois une importante aide financière et des équipements militaires de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros en soutien militaire, financier et humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus fortunés ont été les plus généreux. Les États-Unis sont en tête, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

La hiérarchie varie lorsque l’on compare ces donations au produit intérieur brut (PIB) de chaque nation donatrice. Les Etats-Unis tombent à la vingtième place (0,32% de leur PIB), loin derrière certains pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amicales. L’Estonie se hisse en tête en termes d’aides par rapport au PIB, avec 3,55%, suivie du Danemark (2,41%) et de la Norvège (1,72%). La quatrième et la cinquième positions sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Ces trois pays baltes qui partagent des frontières avec la Russie et son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début des hostilités.

En termes de pourcentage de PIB, la France est classée vingt-septième, ayant contribué seulement 0,07% de son PIB. Elle se place juste après la Grèce (0,09%). L’aide accordée par la France a continuellement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022. Qu’avons-nous appris sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis quelque temps, l’Ukraine et la Pologne connaissent des tensions à cause du transit du grain ukrainien. Au printemps 2022, la Commission européenne avait instauré des « chemins de solidarité » pour assurer l’écoulement et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans imposer de taxes douanières. Toutefois, selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion qui se penche sur les problématiques agricoles mondiales, près de la moitié des grains ukrainiens atterrissent ou finissent leur route au sein de l’Union européenne (UE) depuis le début du conflit. Ces grains sont vendus à un prix nettement inférieur à celui du blé cultivé au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Arguant que ces grains bon marché déstabilisent le marché local et affectent les revenus de leurs fermiers, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé d’arrêter unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait accepté cet embargo, à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne s’étende pas au-delà de quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux grains ukrainiens à la fin de l’été, malgré l’opinion de Bruxelles selon laquelle l’embargo n’était plus nécessaire, car ses analyses indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les grains.

Depuis un certain temps, des agriculteurs polonais ont organisé un blocus à la frontière entre leur pays et l’Ukraine, dans le but d’empêcher les véhicules ukrainiens de franchir leurs frontières. Ces protestataires réclament une interdiction totale sur les produits agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ils se plaignent d’une augmentation considérable de leurs frais de production alors que leurs silos et entrepôts sont pleins à craquer et que les valeurs marchandes sont au plus bas. Le chef de l’Etat ukrainien indiquait au début de l’année 2024 que le blocus sur la frontière polonaise est une preuve de la diminution de la solidarité envers son pays. Il a également requis des discussions avec la Pologne. Selon lui, ces tensions feraient le bonheur de Moscou uniquement, remarquant la survenue de slogans pro-Poutine flagrants.