Est-ce que la mise en œuvre de la retraite progressive va finalement prendre de l’élan ? Ce système, qui donne aux personnes âgées la possibilité de réduire leur charge de travail tout en compensant la diminution de leur salaire par une avance partielle de leur pension de retraite, a récemment été réintégré dans les pourparlers.
Dans sa déclaration de politique générale le mardi 1er octobre, le Premier ministre, Michel Barnier, a estimé qu’il représente l’un des trois « ajustements, équitables et raisonnables » à la réforme des retraites, encourageant les partenaires sociaux à s’en approprier. De son côté, Marylise Léon, Secrétaire général de la CFDT, a plaidé, le 8 octobre sur les ondes de France Inter, pour une « extension de la retraite progressive dès 60 ans sans restriction ».
D’après l’Assurance-retraite, en 2023, 26 824 employés profitaient de ce mécanisme et 13 432 nouvelles retraites progressives ont été attribuées cette année-là, par rapport à 13 640 en 2022. Les bénéficiaires, très peu nombreux, sont éparpillés dans le paysage économique et passent inaperçus au niveau des entreprises, qui ne formalisent pas le mécanisme dans des accords.
De plus, le Ministère de la Santé indique qu’en 2021, 73 % des retraités « progressifs » étaient des femmes. Pour quelle raison ? En raison de carrières interrompues suite à la maternité, les femmes sont contraintes de travailler plus longtemps et sont donc plus susceptibles d’y recourir pour gérer confortablement la fin de leur vie professionnelle.
Des peurs non fondées.
Bien que le nombre de retraités « progressifs » ait été multiplié par cinq entre 2015 et 2020, ce système semble désormais stagner, n’attirant qu’une petite portion de la population éligible. Le régime de retraite complémentaire Agirc-Arrco rapporte qu’en moyenne, seulement 2 % de ses nouveaux bénéficiaires y ont adhéré de 2019 à 2022. François Ringaud, membre du comité de direction du groupe AG2R La Mondiale en charge de la retraite complémentaire, attribue ce phénomène à une « méconnaissance de ce système par les employés, ainsi qu’à une appréhension qu’il soit trop compliqué ou défavorable ».
Selon lui, ces craintes sont infondées. Les experts des retraites complémentaires sont en mesure d’effectuer des simulations très précises pour estimer les éventuelles pertes, qui varient en fonction du temps partiel choisi (entre 40 % et 80 % de la durée de travail hebdomadaire légale de l’entreprise). « Ce n’est pas un pas dans l’obscurité», rassure François Ringaud. « Pour de nombreux employés, la diminution du revenu reste raisonnable ». Il précise que le montant de la pension est calculé sur vingt-cinq ans, ce qui permet d’échelonner la perte de pension pour les employés ayant eu une carrière stable. « Cependant, ceux dont la carrière a été irrégulière peuvent avoir des hésitations », ajoute Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT.
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