Esther Labouret, âgée de 18 ans, lutte contre une « impasse » qui la tourmente: celle des inégalités de genres dans l’église. « C’est incompréhensible pour moi. Pourquoi l’Eglise ne confère-t-elle pas une position plus équitable aux femmes croyantes? questionne la jeune étudiante en orthophonie, avec un passé de foi profondément enraciné dans sa famille. Le monde change, et l’église doit s’adapter à cette transformation. »
Sa stupéfaction a été encore plus prononcée il y a quelques années, lorsqu’on lui a interdit de chanter pendant une vigile pascale (la cérémonie qui a lieu la nuit précédant le dimanche de Pâques) sous prétexte qu’elle n’était pas un homme. Elle était également déconcertée lorsqu’un diacre a essayé de lui proposer une solution détournée pour contourner cette interdiction, suggérant qu’elle « passerait par la fenêtre si elle ne pouvait pas passer par la porte ». Elle lui a rétorqué que cela pourrait dissuader certaines personnes et que « ce serait plus facile si la porte était ouverte à tous ».
Le pape François a légèrement ouvert cette porte lors du synode sur la synodalité qui se déroule à Rome du 2 au 27 octobre. Cet événement capital, dont la première phase s’est déroulée en octobre 2023, marque un tournant historique: pour la première fois, 53 femmes sur 368 membres, religieuses ou laïques, peuvent exprimer leur opinion et voter. De fait, l’importance du rôle des femmes au sein de l’église fait partie des sujets principaux abordés lors des discussions. « Évitons les thèmes trop polémiques », conclue-t-elle.
Une possible révolution pourrait se profiler au sein de l’Église, où la gouvernance est principalement masculine, des paroisses locales au Vatican, ignorant ainsi les femmes souvent plus engagées sur le terrain mais assignées à des tâches moins visibles. Cependant, le Pape François a maintenu une résistance aux changements, excluant dès mai la possibilité d’une ordination diaconale pour les femmes (un diacre est un clerc autorisé à célébrer des mariages, des baptêmes ou à donner des homélies). Ce qui s’annonçait comme une discussion houleuse lors du synode sera en fait remis à des groupes de travail qui présenteront leurs résultats en juin 2025, ce qui semble étouffer toute progression vers l’émancipation féminine. « Le fait de ne pas aborder ce sujet est représentatif de la tension actuelle au sein de L’Église. Il y a une volonté d’ouvrir le dialogue, cependant, il est préférable d’éviter les sujets trop sensibles », analyse Véronique Margron, religieuse dominicaine et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
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