Après une attente d’environ dix ans, le premier sommet officiel entre le Conseil de coopération du Golfe et l’Union Européenne a finalement eu lieu à Bruxelles le mercredi 16 octobre. Le sommet, qui comprenait une vingtaine de présidents et chefs de gouvernement européens, y compris le président français Emmanuel Macron, ainsi que six autres partenaires du Golfe, faisait face à une variété de sujets importants sans solutions évidentes en commun.
L’arrivée à Bruxelles du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman et de l’émir du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani était en soi un évènement marquant une véritable transition d’époque. Seulement six ans plus tôt, le leader saoudien était considéré comme indésirable en Europe suite à son ordre d’assassiner le journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul. Le Qatari, au contraire, est lié au Qatargate, un scandale de corruption qui a ébranlé le Parlement européen en 2022.
La donne a changé suite à la guerre en Ukraine et l’escalade au Proche-Orient, remettant les pays du Golfe au cœur des enjeux économiques et géopolitiques. Aidés par leurs vastes réserves de gaz et de pétrole, ils ont soutenu les Européens pour renoncer aux hydrocarbures russes. En même temps, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar ont joué un rôle croissant en tant que médiateurs dans diverses conflits.
L’Europe a senti le besoin de reconsidérer sa relation avec la région et, en 2022, l’Union européenne a mis en place une nouvelle stratégie grâce à son représentant, Luigi di Maio. Bien qu’il ait été critiqué au moment de sa nomination, l’ex-ministre des affaires étrangères italien, membre du Mouvement 5 étoiles (un parti antisystème et eurosceptique), a su impressionner tant à Bruxelles que dans le Golfe.
Il existe une multiplicité de perspectives, souligne Cinzia Bianco, chercheuse au Conseil européen des relations internationales, ajoutant que Di Maio a su gagner la confiance des acteurs de la région, où les relations interpersonnelles sont primordiales. Les réunions et les échanges diplomatiques et sécuritaires se sont intensifiés, mettant en lumière l’augmentation de la dynamique entre les deux régions, souligne Josep Borrell, le responsable de la diplomatie européenne.
Ce sommet a pour objectif d’intensifier la collaboration entre les deux blocs dans divers domaines tels que le commerce, la technologie, l’énergie et la transition écologique. Malgré des transactions commerciales estimées à 170 milliards d’euros entre le Golfe et l’Europe en 2023, l’Europe cherche à développer ces échanges et à conclure un accord de libre-échange qui est au point mort depuis trente-cinq ans. Un haut fonctionnaire européen note que cet accord entre l’UE et le Golfe est compliqué à cause des divergences d’opinions entre les six pays du Golfe.
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