Catégories: Actualité
|
17 octobre 2024 7 h 49 min

Sélection de livres : 3 titres

Partager

Dans l’édition d’aujourd’hui du « Monde des livres », nous explorons « Ténèbres et compagnie », un roman poignant de Sigitas Parulskis qui examine la participation des Lituaniens à la Shoah, ainsi que « Debout parmi les choses », une collection de poèmes traduits du lituanien écrits par l’écrivain et cinéaste Jonas Mekas. D’autres titres à découvrir sont « Nord Sentinelle » de Jérôme Ferrari, qui interconnecte divers récits pour explorer l’origine de la violence, et « Maniac » de Benjamin Labatut, un chilien qui raconte l’histoire de deux scientifiques et d’un malheureux joueur de go. Dernier sur notre liste est « Les Institutions invisibles » par Pierre Rosanvallon qui analyse cette époque tragique où la démocratie est en péril, pouvant jusqu’à s’autodétruire.

ROMAN. « Ténèbres et compagnie » par Sigitas Parulskis

Au commencement de l’occupation allemande de la Lituanie en juin 1941, plus de 220 000 juifs habitaient le pays. À la fin de la guerre, seuls 12 000 avaient survécu, ce qui signifie que 95% d’entre eux avaient été tués, aidés en partie par une portion de la population locale – entre 13 000 et 15 000 Lituaniens ont servi en tant qu’auxiliaires pour les forces nazies et ont participé à la Shoah. Depuis que le président Algirdas Brazauskas (1932-2010) a exprimé ses excuses devant le Parlement israélien en 1995, une prise de conscience progressive a eu lieu en Lituanie concernant cette complicité, qui s’est amplifiée au cours de la dernière décennie.

Dans son livre, « Ténèbres et compagnie », Sigitas Parulskis a suivi le chemin inexploré en Lituanie jusqu’à 2012. Le livre traite avec une précision cruelle et souvent insupportable des massacres menés par les nazis et leurs auxiliaires lituaniens. Il est raconté à travers le regard d’un photographe, Vincentas, qui est chargé par un officier SS de documenter ces horreurs. Le récit ajoute une dimension supplémentaire d’intrigue grâce à sa manipulation habile des changements de tonalité.

Le protagoniste, Vincentas, nous transporte du plus horrible des cauchemars à ses émotions et sentiments complexes, notamment à travers son histoire d’amour avec Judita, une jeune juive. Le lecteur est plongé dans l’horreur, car on se familiarise intensément avec Vincentas. Parulskis réussit brillamment à montrer que l’inhumain peut être une partie de l’humanité, avec pour objectif ultime de stimuler la conscience à travers le reflet du crime.

D’autre part, Jonas Mekas (1922-2019), un Américano-Lituanien, est célèbre pour ses contributions au monde du cinéma. Aujourd’hui, il est surtout connu pour ses films réalisés avec sa petite caméra Bolex 16 mm qu’il avait achetée en 1949 à New York, où lui et son frère Adolfas s’étaient installés après quatre ans d’errance. En dépit de la distance avec son village natal de Semeniskiai, en Lituanie, Mekas a trouvé un réconfort dans l’art de la cinématographie. Son concept de « journal filmé », créé à partir de nombreux plans, faisait de lui une figure emblématique du cinéma expérimental.

En poursuivant votre lecture, sachez que vous n’avez lu que 33.37% de cet article. Pour avoir accès au reste, vous devez être un abonné.