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17 octobre 2024 22 h 44 min

Nancy : hôpital pour plantes rares

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Dans le jardin botanique Jean-Marie Pelt de Nancy, niché dans la « serre sèche », un ensemble de petits cactus sont enfermés dans une cage en fer, certains d’entre eux datant de décennies. Ces petits prodiges de résilience, qui ont poussé dans des conditions difficiles et des territoires arides, ont été brutalement déracinés et amputés de leurs repères familiers.

Parmi eux se trouvent des espèces comme la Lophophora, aux effets hallucinogènes, le pachypodium et le caudex, qui peuvent être identifiés par leur base gonflée qui sert de réservoir d’eau pendant les périodes de sécheresse. Ces survivants représentent des échantillons d’espèces rares originaires du Mexique et de Madagascar.

Ces plantes ont été découvertes par des douaniers français formés à la reconnaissance des espèces végétales à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle. Ils ont ensuite été remis au Museum national d’histoire naturelle de Paris, qui à son tour les a confiés au jardin botanique de Nancy en raison d’un manque d’espace, avec l’espoir qu’ils pourraient être sauvés.

« À leur arrivée, ils sont fragiles à cause du voyage, car ils ont été déracinés ou coupés brutalement et emballés de manière désorganisée dans du papier journal. Ils nécessitent des soins minimaux, une température constante et une humidité appropriée, un peu d’eau et surtout une surveillance étroite. Ils seront laissés sur leur substrat pendant trois ou quatre ans pour voir s’ils reprennent racine, puis ils seront intégrés à nos collections, » explique Elisabeth Jodin, la responsable adjointe des collections tropicales au jardin botanique de Nancy.

Ce trafic, malheureusement, est une pratique qui est en train de croitre.

Ces végétaux peu communs, qui sont interdits à la vente, attirent la curiosité des visiteurs malgré le fait qu’ils ne sont pas exceptionnellement impressionnants pour le grand public. Ils sont exposés temporairement pour attirer l’attention du public sur l’importance de la biodiversité et comment son érosion peut également affecter la flore locale.

L’activité de commerce international de ces plantes rares est en plein essor. D’après le dernier rapport global sur la criminalité liée à la faune sauvage, qui a été publié le mardi 14 mai par le Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime, environ 140 000 saisies ont été effectuées dans 162 pays entre 2015 et 2021, représentant plus de 13 millions d’échantillons et près de 16 000 tonnes de marchandises, incluant les animaux et les plantes.

« Un collectionneur peut dépenser plusieurs milliers d’euros pour une orchidée ou un cactus, un lézard ou un perroquet. Ou même pour acheter des caudex anciens, de 50 à 70 ans, de Madagascar, car ce sont des plantes qui grandissent très lentement », explique Frederic Pautz, le conservateur des jardins botaniques du Grand Nancy. Cette activité commerciale illégale a été discutée lors du colloque « Droit des plantes, droits de la nature? » qui s’est tenu le 16 et 17 octobre à Nancy.

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