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17 octobre 2024 2 h 49 min

Lafarge jugé pour financement terroriste

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Selon l’Agence France-Presse (AFP), un procès pour soutien financier présumé au terrorisme a été commandé par trois juges d’instruction à l’encontre du groupe Lafarge et de huit individus, dont certains anciens responsables. Ces derniers sont accusés d’avoir maintenu les opérations de Lafarge en Syrie jusqu’en 2014. La décision d’envoyer l’affaire au tribunal correctionnel explique que ceux mis en examen ont, selon les accusations, organisé, validé, facilité ou instauré un système de financement pour des groupes terroristes opérant autour de leur cimenterie à Jalabiya, en Syrie, cela dans le but de générer des profits soit pour l’entreprise qu’ils représentaient, soit à titre personnel.

Le groupe Lafarge, qui est maintenant une filiale du groupe suisse Holcim, et les huit accusés – comprenant des membres des chaînes opérationnelles et de sûreté, des intermédiaires syriens, ainsi que l’ancien directeur général de Lafarge SA, Bruno Lafont – seront jugés pour financement de terrorisme et pour certains, non respect des sanctions financières internationales. Le procès est prévu du 4 novembre au 9 décembre 2025, selon un calendrier provisoire.

Quant aux avocats de la défense contactés par l’AFP, ils ont choisi de ne pas commenter ou n’ont pas répondu. Cependant, les juges ont émis un non-lieu pour Jean-Claude Veillard, l’ancien directeur de la sûreté, qui était en examen depuis fin 2017 dans cette affaire.

« Après une lutte juridique de sept années, l’innocence de Jean-Claude Veillard a été finalement prouvée. Cela a apporté un grand répit », ont déclaré ses avocats, Sébastien Schapira et Antoine Galudec, à l’AFP. Le groupe était accusé d’avoir payé 5 millions d’euros aux djihadistes, notamment l’organisation Etat islamique (EI), et à des intermédiaires via sa filiale Lafarge Cement Syria en 2013 et 2014. C’était dans le but de maintenir les operations d’une usine de ciment à Jalabiya, alors que le pays se trouvait en pleine guerre.

« La société avait le contrôle de ses décisions et aurait pu stopper les activités de l’usine à tout moment, particulièrement lorsqu’elle est devenue consciente des demandes financières des groupes terroristes », ont précisé les juges d’instruction. En acceptant de financer ces groupes, la société envisageait d’obtenir certaines contreparties telles que le déblocage des routes et la libre circulations de ses camions et employés grâce aux laissez-passer fournis.

L’enquête judiciaire ouverte en juin 2017, liée à l’accusation de complicité en crimes contre l’humanité lancée contre la société, est toujours en cours.