Dans une série de publications Facebook, on observe un jeune homme et sa grand-mère, portant un foulard blanc propre, qui regardent fixement l’appareil photo, tandis que des pâtisseries trônent sur une nappe en toile cirée. D’autres publications montrent une dame âgée de plus de cent ans exhibant son dernier travail au crochet, ou une belle bergère en tenue de camouflage qui se plaint sur son pâturage qu’elle ne recevra jamais autant de « likes » que Lady Gaga. Tous sollicitent des « félicitations » et des « évaluations » pour leurs efforts. Ils sont largement salués par des internautes, dont beaucoup ne savent pas, ou prétendent ne pas savoir, que ces individus sont fictifs : chaque image est produite par une intelligence artificielle (IA). Certains clichés, en effet, ne laissent aucun doute : des mains à six doigts tricotant, des seniors qui semblent sortir d’une animation, des jeunes femmes aux formes physiques presque surhumaines, etc.
Depuis l’été dernier, ce type de posts se multiplie en ligne, en particulier sur le réseau social de Meta, au sein de pages spécialisées dans la production de « pièges à clics ». Ces « pièges à babyboomers », comme on les appelle, « jouent sur la crédulité et l’émotion, en touchant une corde sensible » chez les internautes, confirme Nolwenn, fondatrice et administratrice du compte Instagram humoristique @avec_mon_comm_de_boomer. Depuis 2020, elle « épingle gentiment » les commentaires qu’elle considère comme les plus déplorables laissés par ses utilisateurs âgés sur le réseau social.
Plutôt que critiquer les jeunes pour leur imprudence en ligne, les adultes doivent aussi développer le réflexe de vérifier et d’agrandir les photos lorsqu’ils sont incertains. Malgré le fait que la naïveté n’est pas réservée aux personnes âgées, il est clair que ces sites, qui jouent sur la nostalgie et le concept que « les choses étaient meilleures dans le passé », n’essaient pas d’attirer le public plus jeune. D’après l’administratrice, dans son travail de surveillance, elle tombe régulièrement sur de fausses photos d’époque, des montages falsifiés de couples à leur mariage et cinquante ans plus tard, ou encore de nombreuses photos d’anniversaires ou d’artisanat falsifiées. Elle utilise ces découvertes pour alimenter son compte avec un certain sens de l’humour, parcourant les pages Facebook de citations, proverbes et autres calendriers.
Malgré la pauvre qualité du contenu, ces sites attirent parfois des dizaines voire des centaines de milliers d’abonnés. Les créateurs de ces plateformes administrent également des forums qui peuvent compter plus d’un million de membres. Il reste encore la moitié de cet article à lire, qui est réservé aux abonnés.
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