L’Arménie a pris une nouvelle initiative pour se libérer de l’influence russe. Cette ancienne république caucasienne soviétique commencera graduellement à assurer la sécurité de sa frontière avec l’Iran et la Turquie, qui a été strictement gardée par l’armée russe pendant plus de trois décennies. Selon une annonce faite par le Premier ministre Nikol Pachinian et le Président russe, Vladimir Poutine, les garde-frontières russes quitteront un poste frontalier avec l’Iran à partir du 1er janvier 2025.
Richard Giragosian, le directeur du Centre d’études régionales à Erevan, indique que les Russes ne partent pas nécessairement de la frontière iranienne. Seul ce poste spécifique sera pris en charge par les garde-frontières arméniens. L’accord permet également aux forces arméniennes de superviser la frontière avec la Turquie aux côtés des troupes russes déjà présentes.
Ce retrait stratégique est d’une grande importance pour l’Arménie, déclare le chercheur. Le pays récupère sa souveraineté et réaffirme son indépendance de la Russie en reprenant méthodiquement le contrôle de ses frontières, une première depuis l’époque de l’Union Soviétique. La présence des gardes-frontières russes sur les frontières avec l’Iran et la Turquie a été mise en place selon un accord signé en 1992, un an après la disparition de l’URSS.
La Russie voit aussi une valeur stratégique dans son retrait partiel de la frontière. Richard Giragosian explique que pour cette concession, Erevan serait contraint d’inviter Moscou à prendre part aux plans d’établissement de voies ferrées et routières pour connecter l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, une enclave azerbaïdjanaise située au Sud-Ouest de l’Arménie et que Bakou souhaite accéder par voie terrestre. Avant l’incursion en Ukraine, la Russie exerçait son autorité par la force dans cette région ; mais aujourd’hui, elle le fait par une connectivité renforcée, les liens de transport.
Déjà le 31 juillet, les gardes-frontières russes se sont retirés de l’aéroport international Zvartnots à Erevan, mettant fin à une présence de 32 ans. L’Arménie avait fait part à Moscou de sa décision que ces unités n’étaient plus requises et que le service de sécurité nationale arménien contrôlerait les frontières sans assistance russe. Malgré l’avertissement de la Russie, un allié historique, à l’Arménie sur les « dommages irréparables » que cela pourrait causer à leurs relations déjà tendues, un accord a été atteint en mai pour le retrait de ces troupes frontalières avant le 1er août.
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