Catégories: Actualité
|
16 octobre 2024 17 h 44 min

La percée mondiale des auteurs de Lituanie

Partager

« « Revue de la littérature lituanienne actuelle », Vilnius Review/Revue de Vilnius 2024, 248 p., 20 €.
Initialement, l’individu qui découvre le dernier numéro en français de la Revue de Vilnius pourrait chercher à se raccrocher à des références connues. Des œuvres de figures littéraires lituaniennes comme Tomas Venclova, Valdas Papievis, Undine Radzeviciute, ou Alvydas Slepikas pourraient avoir été lues par lui. Il se souvient avec émotion de ces auteurs en parcourant le sommaire, se remémorant l’intrigue unique de la littérature de ce pays baltique. Cependant, au-delà de cela, les inconnues prédominent.
C’est ici que la Revue de Vilnius, grâce à sa concentration d’éléments innovants – contes, poèmes, extraits de romans, interviews, études, vient honorer ses deux serments. Le premier étant de populariser la littérature lituanienne en traduisant les écrits de ses auteurs en anglais pour un public européen, une mission qu’elle perpétue depuis 1994. Le second engagé auprès de nous : la promesse d’un enrichissement continu de nos centres d’intérêt, incarnée par les « saisons culturelles étrangères » organisées chaque année en France, où la Lituanie est l’invitée d’honneur cet automne.
Comme le résume Dainius Gintalas, le rédacteur en chef, l’idée est que «le lecteur francophone puisse s’imprégner au maximum de la littérature lituanienne» des «cinq dernières années». Il ne s’agit pas de se plonger dans l’histoire littéraire, même récente. L’objectif est l’immédiateté, un «flux littéraire» brillant de contemporanéité, qui procure un plaisir de lecture immédiat. »

Dans une de ses nouvelles, Jurga Tumasonyte présente une lune « douce et lumineuse » surplombant un obscur lac qui dégage l’odeur « de sang frais ». La scène met en valeur une jeune nageuse, bravant l’eau comme si elle était en train de se frayer un chemin à travers une maison hantée. On y trouve également une licorne, qui est en réalité une « corne de deux mètres, une preuve solennelle de l’existence des licornes », malgré le sourire ironique de la jeune poétesse Ieva Toleikyte, qui reconnait que c’est en réalité une défense de narval.

Le sentiment d’instabilité est omniprésent. Que ce soit d’une page à l’autre, d’un paragraphe à l’autre, voire même d’un vers à l’autre, les nuances et les images fluctuent, entrent en collision. Simonas Bernotas évoque un sentiment de turbulence: « Le vent fait valser un ticket de loto sur les pavés / Le prochain sera le gagnant / Un enfant se précipite avec un AK-47 en plastique / Quel beau cadavre vous élevez ». Cette insécurité est rapidement identifiée comme un élément commun partagé par de nombreux auteurs dotés d’une personnalité prononcée. Le fait indéniable que le monde n’est pas un endroit stable.

Plus de la moitié de cet article reste à lire; La suite est à la disposition des abonnés.