Le mardi dernier, à Paris, la mort d’un cycliste écrasé par un automobiliste a fait ressortir Alexis Frémeaux, le président de l’association parisienne Mieux se déplacer à bicyclette (MDB) et coprésident de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), pour exprimer ses pensées.
Comment décrivez-vous cette situation ?
Selon les détails fournis, ce n’était pas un incident accidentel. Le pilote du SUV semble avoir choisi délibérément de renverser le cycliste. Cela pourrait donc être interprété comme un homicide.
Qualifiez votre réaction en tant que leader d’une association quand vous avez entendu cette nouvelle ?
Mercredi à midi, en état de choc, je me suis rencontré avec d’autres activistes à la Maison du vélo de Paris, particulièrement puisque le défunt était un membre très actif de l’association Paris en selle. Nous avons organisé une rassemblement à la place de la Madeleine le même soir, à proximité du lieu où l’incident a eu lieu.
A-t-on déjà vécu une telle tragédie en France ?
Les membres de la FUB ont signalé plusieurs incidents similaires, bien que cela n’ait pas toujours entraîné la mort de la victime. De plus, lorsqu’un accident se produit, que le cycliste meurt et qu’il n’y a pas de témoins, il est difficile de déterminer exactement comment les événements se sont déroulés.
L’association MDB a lancé un appel à témoignages de violence routière sur le réseau X. Qu’avez-vous tiré des réponses obtenues ?
Nous avons recueilli approximativement 150 témoignages venant de toute la France et même au-delà. Ces incidents suscitent une vive réaction chez ceux qui utilisent le vélo pour se déplacer. Chaque individu semble avoir son propre récit à partager : des personnes qui se déplacent à vélo ou à pied, qui ont été victimes de klaxons, d’agressions verbales ou physiques, de menaces de violence ou même de mort, ou de manœuvres brusques destinées à les déséquilibrer. Certains individus relatent qu’ils ont dû prendre des mesures de protection, fuir ou se cacher. Il est à noter que la plupart de ces actes sont commis par des automobilistes ou des motocyclistes qui n’acceptent pas d’être ralentis ou de modifier leur trajectoire. Ils acceptent encore moins d’être repris sur leur comportement. Il est également notable que la grande majorité de ces auteurs d’incidents sont des hommes.
Lorsquel’on parle d’accidents de la route impliquant des bicyclettes ou des trottinettes, certains témoignages donnent parfois l’illusion que les victimes sont les fautives. Est-ce une observation que vous avez faite ?
La violence routière semble être plus acceptée dans notre société. Des justifications sont souvent fournies pour les auteurs de ces actes : ce n’était pas intentionnel, ils étaient pressés, etc. Il y a quelques temps, une personnalité publique [Michel Sardou en novembre 2022] a pu annoncer à la télévision, à propos des cyclistes, « le prochain, je me le fais », sans provoquer de réaction de l’animateur. J’ai remarqué que de nombreux hommes politiques ou commentateurs remettent en question les mesures de sécurité routière, comme cela a été le cas en 2018 lors de la réduction de la vitesse maximale à 80 km/h sur les routes.
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