La course à la présidence américaine se révèle bizarre. Alors que l’économie américaine montre des signes de prospérité (expansion, travail, investissement, consommation), la Chine perd de sa vigueur et l’Europe se plaint de son déclin. Néanmoins, les deux prétendants agissent comme si le pays était au bord du gouffre. Si Donald Trump affirme vouloir rendre sa grandeur à l’Amérique, c’est que celle-ci ne l’a pas encore retrouvée. Si Kamala Harris souhaite lui redonner espoir, alors c’est que les États-Unis sont sur le point de tomber dans la dépression.
Le discours politique de chacun des deux candidats mène à une cascade de promesses déconnectées de la réalité économique. Ils proposent des dépenses de billions de dollars comme si les déficits n’avaient plus d’importance. Selon eux, grâce à leur action, l’Amérique serait un immense parc d’attractions de la prospérité, sans chômage, avec des taxes basses et une croissance sans cesse plus dynamique sans aucun coût pour quiconque. Un pur état de démagogie.
Leur campagne ressemble à une recherche d’un paradis perdu, sans financement, alors que la situation budgétaire du pays donne déjà le tournis. Les États-Unis ne sont ni en guerre ni en récession, pourtant le gouvernement fédéral emprunte à tout va. Le déficit budgétaire grimpant jusqu’à un montant astronomique de 2 000 milliards de dollars (1 830 milliards d’euros, 6 % du PIB) en 2024, et la dette a franchi le cap des 34 000 milliards (125 % du PIB). En conséquence du vieillissement de la population et des écarts structurels grandissant entre les dépenses et les revenus, la charge de la dette en pourcentage du PIB dépasse le niveau atteint après la Seconde Guerre mondiale.
Un sujet ignoré pendant la campagne.
Dans les années précédant 2010, les républicains et les démocrates surveillaient de près les déficits. Néanmoins, aujourd’hui, ce sujet ne figure plus dans le débat électoral. Encore plus alarmant, les deux concurrents se déclarent prêts à augmenter les dépenses. Cette tendance à ignorer les finances publiques n’est donc pas l’apanage de la France.
En termes de déficit budgétaire, le Comité pour un Budget Fédéral Responsable (CRFB), un organisme de réflexion impartial, a estimé que Donald Trump, en combinant des réductions d’impôts, une augmentation des droits de douane, une augmentation du budget militaire et des expulsions d’immigrants à grande échelle, creuserait le déficit à hauteur de 7 500 milliards de dollars dans la prochaine décennie. Comparativement, Kamala Harris, dans sa volonté d’accroître les dépenses sociales tout en diminuant les impôts pour la classe moyenne (tout en les augmentant pour les entreprises et les plus fortunés), ne ferait qu’accentuer le déficit de 3 500 milliards de dollars.
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