Je vous remercie de m’avoir posé cette question, qui soulève le fait que cette élection, tout comme cette directe, ne se clôturera probablement pas le 6 novembre. Effectivement, vous l’avez rappelé, en 2020, Donald Trump n’a jamais accepté sa défaite face à Joe Biden, accusant les démocrates de trucage électoral sans fournir de preuves. Il n’a jamais promis d’accepter les résultats de la future élection, insinuant qu’ils seraient falsifiés s’il ne sortait pas vainqueur. Cette stratégie a été adoptée et mise en avant depuis des mois par tous les acteurs de sa campagne, de son co-listier J.D. Vance jusqu’à des cadres supérieurs comme Chris LaCivita, qui a affirmé en juillet : « Le jour de l’élection n’est pas la fin, c’est le jour de l’inauguration qui marque la fin. »
Cela signifie donc que le vote du 5 novembre peut être remis en question jusqu’au 20 janvier 2025, date de l’investiture officielle du 47e président des États-Unis. C’est un scénario sur lequel de nombreux analystes tablent pour de multiples raisons. Premièrement, ce que la journaliste Anna Bower nomme « la politisation du processus de certification au niveau local » depuis 2020. Le vote aux États-Unis est extrêmement décentralisé, ce qui signifie que les résultats peuvent être contestés au niveau du comté, puis de l’État, ce qui peut entraver la certification des résultats et causer des turbulences post-électorales, de la désinformation et potentiellement de la violence politique, comme elle le redoute.
Il est indéniable que les Républicains ont explicitement adopté une tactique stratégique. Le Comité national républicain (RNC) est impliqué dans plus de 100 affaires juridiques à travers les États-Unis en contestant les modalités du vote, au-delà des discours de Donald Trump. Le RNC a en outre mis en place un plan visant à former et déployer des milliers d’observateurs au sein des bureaux de vote. Un communiqué montre leur objectif de « gagner les Démocrates à leur propre stratégie » et de s’assurer que les « falsifications du Parti Démocrate échouent cette fois ».
Derek Muller, expert en droit électoral à l’Université Notre-Dame, a informé Le Monde que par rapport à 2020, le processus de comptabilisation des votes et de certification s’est considérablement amélioré, en grande partie grâce à une loi fédérale qui confère plus de pouvoirs à la justice pour exiger les résultats de chaque bureau de vote. Il ajoute : « Il est possible que certains tentent de ralentir la procédure, mais il est peu probable que cette tactique dure longtemps ».
La violence politique n’est pas à exclure, même si on ne revient pas au niveau de l’attaque extrême contre le Capitole le 6 janvier 2021. Il est important de rappeler que tant de sondages montrent que la majorité des électeurs républicains croient encore que l’élection a été usurpée à Donald Trump en 2020. L’issue dépendra en grande partie de la conduite de Donald Trump lui-même.
Il y a quelques jours, le procureur fédéral en charge du dossier contre lui pour des tentatives illégales de renversement des résultats de l’élection de 2020 a divulgué l’acte d’accusation. L’ancien président est accusé d’avoir « préparé le terrain » pour un rejet des résultats des élections avant la fin du vote, en disant à ses conseillers que s’il était en tête au début du décompte des votes, il se « proclamerait gagnant avant que tous les votes soient comptés et qu’un vainqueur soit déclaré ». Plus loin, il cite le témoignage d’un conseiller qui a entendu Donald Trump dire à ses proches : « Qu’importe si vous avez gagné ou perdu l’élection, vous devez vous battre comme un chien. »
Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet majeur de la fin de la campagne dans un article de notre correspondant aux États-Unis à la fin de la semaine. Restez à l’écoute.
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