En mai dernier, un rapport du Le Monde avait divulgué que 97% des eaux souterraines en France étaient polluées par au moins un pesticide ou leurs métabolites, produits issus de leur dégradation. De façon plus inquiétante, la qualité de l’eau de 20% des sources souterraines dépasse les limites réglementaires du niveau de contamination. Générations futures, une association environnementale, a publié un rapport le mardi 15 octobre, mettant en lumière plusieurs dizaines de métabolites de pesticides considérés comme dangereux pour les sources d’eau souterraines mais qui ne sont soumis à aucune forme de contrôle. Ces substances ne sont pas contrôlées ni dans les eaux souterraines, ni dans l’eau de puits.
Selon l’association Générations futures, le nombre de ces substances s’élève actuellement à 56, dont une douzaine est considérée comme particulièrement néfaste pour les sources souterraines. Deux substances parmi elles sont identifiées comme les plus risquées : le DIPA (diisopropylamine) et le TFA (acide trifluoroacétique). Le DIPA est un métabolite de l’herbicide triallate qui, bien qu’il ait été interdit en France l’année dernière, avait été utilisé depuis les années 1960. Le TFA, quant à lui, provient de la dégradation d’un autre herbicide, le flufenacet, qui est toujours autorisé en France et en Europe. Ce dernier est un membre des substances per- et polyfluoroalkylées, les PFAS, qui sont connus pour leur longévité dans l’environnement.
La problématique des métabolites dans l’eau a pris une importance cruciale en l’espace de quelques années. Ces éléments provoquent de multiples non-conformités dans l’eau destinée à la consommation. D’après les statistiques officielles de 2022, environ 11 millions de Français ont reçu une eau non-conforme aux normes de qualité à leur domicile. « La situation est grave, pourtant nous n’apercevons que le sommet de l’iceberg », affirme Pauline Cervan, ex-toxicologue réglementaire pour le secteur industriel et principale auteur du rapport. « Nous manquons de connaissance sur l’état réel de nos ressources en eau, et donc sur la qualité de l’eau du robinet distribuée à des dizaines de millions de personnes. »
Effectivement, à ce jour, bien que 188 molécules aient été testées au moins une fois depuis 2022, trois métabolites de pesticides, issus respectivement du chlorothalonil, de la chloridazone et du S-métolachlore, sont à eux seuls responsables de la plupart des dépassements. Ces substances ont été utilisées depuis plus d’un demi-siècle sans que leurs métabolites n’aient été examinés, même si leur capacité à contaminer les nappes était parfois connue depuis longtemps. De plus, une décennie a passé entre les premiers avertissements au niveau européen et la mise en place des premières mesures de contrôle en France.
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