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La Corée coupe routes Sud

L’escalade des tensions entre la Corée du Nord et la Corée du Sud continue de monter d’un cran. Le mardi 15 octobre, l’armée nord-coréenne a décidé de dynamiter des sections de routes qui étaient autrefois utilisées pour les échanges transfrontaliers avec la Corée du Sud, d’après des sources séoulites.

« L’armée nord-coréenne a décidé d’endommager des sections de routes situées à Gyeongui et Donghae, au delà de la ligne de démarcation militaire », a déclaré l’état-major interarmées de Corée du Sud. En réponse à cela, les troupes sud-coréennes ont effectué des « tirs de riposte » sur leur propre territoire, bien que les détails restent vagues.

Le 9 octobre, l’armée nord-coréenne avait annoncé son intention de couper de manière permanente les routes et les voies ferrées – d’une grande valeur symbolique – qui relient les deux pays, et de construire des « structures de défense robustes » le long de la frontière. En réalité, la frontière entre les deux Corées est déjà totalement verrouillée. Depuis la fin de la guerre en 1953, les routes et les voies ferrées interpénétrées n’ont été rouvertes que pendant de courtes périodes de détente.

En juin 2020, la Corée du Nord avait déjà fait exploser un bureau de liaison interpénétré ouvert en 2018 au moment où les relations entre Séoul et Pyongyang connaissaient un répit éphémère, à Kaesong, à quelques kilomètres au nord de la frontière.

La destruction de ces routes inutilisées est indicative de la politique de plus en plus dure de Kim Jong-un envers la Corée du Sud, qu’il a désignée comme « l’ennemi principal » de son pays.

Au mois de janvier, Monsieur Kim a ordonné la dissolution de toutes les structures responsables de la gestion des relations avec Séoul ainsi que des initiatives de réunification de la Corée, tout en mettant en garde contre une éventuelle guerre en cas d’infraction, aussi minime soit-elle, à l’intégrité territoriale de son pays.

Depuis l’arrivée du président conservateur Yoon Suk Yeol au pouvoir en 2022 à Séoul, qui prône une politique de rigidité envers le Nord tout en renforçant l’alliance militaire avec les Etats-Unis et le Japon, les relations entre les deux Corées se sont nettement dégradées. Les trois pays alliés effectuent fréquemment des exercices militaires conjoints, considérés par Pyongyang comme une préparation à une éventuelle invasion du Nord.

D’après les médias d’Etat nord-coréens, Kim Jong-un a présidé une réunion des chefs militaires les plus influents du pays le lundi, et a défini les contours d’une « opération militaire immédiate ». Cette réunion intervient suite aux plaintes du régime nord-coréen sur les nombreux survols de drones qui, selon lui, ont largué des tracts de propagande remplis de « rumeurs incendiaires et de bêtises » sur la capitale, qu’il attribue à Séoul. Le régime nord-coréen a averti que tout autre drone serait considéré comme une « déclaration de guerre ».

Kim Yong-hyun, le ministre sud-coréen de la défense, a réfuté toute implication, suite à quoi l’état-major interarmées sud-coréen a annoncé ne pas être en mesure de confirmer la véracité des accusations Nord-coréennes. Localement, on soupçonne des groupes militants sud-coréens d’envoyer régulièrement de la propagande et des dollars vers le Nord, en général par ballons, mais également parfois à l’aide de petits drones difficilement repérables.

Depuis le mois de mai, la Corée du Nord a commencé à lancer des milliers de ballons remplis d’ordures en direction du sud, provoquant ainsi une reprise des diffusions de propagande par Séoul à travers des haut-parleurs situés à la frontière. En conséquence, un accord signé en 2018 pour éviter les confrontations militaires a été suspendu.

À la fin de l’année 2022, cinq drones provenant de la Corée du Nord ont envahi l’espace aérien sud-coréen, ce qui représente le premier incident de ce genre depuis cinq ans. Cela a provoqué une paralysie du trafic aérien à l’aéroport international de Séoul. En réponse à cette invasion, l’armée sud-coréenne a lancé des avions de chasse, mais aucun drone n’a été abattu. En juillet, Séoul a fait savoir qu’elle mettrait en place des systèmes laser capable de détruire les drones en vol d’ici à la fin de l’année.

Suite à une réunion des dirigeants à Pyongyang, l’attention est désormais tournée vers la réaction de la Corée du Nord. Cheong Seong-chang, un chercheur de l’Institut Sejong, a déclaré à l’agence de presse française (AFP) qu’il est probable que la Corée du Nord envoie à nouveau des drones vers le Sud ou qu’elle prenne des mesures sévères si d’autres drones pénètrent sur son territoire. Il a également prédit que des provocations importantes pourraient avoir lieu à la frontière si les infiltrations de drones continuent.

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