Baptisé Hugo (bien que ce ne soit pas son vrai nom), cet actif de 28 ans ne cesse de bouger. Il consacre trois jours par semaine au judo, nage hebdomadairement et exploite pleinement son adhésion à une salle de fitness. Simultanément, ce natif de Bordeaux vit une existence sociale effervescente et trouve même le temps pour une relation de couple. Hugo n’est pas un étudiant chanceux, mais un employé avec des horaires flexibles et un travail à distance illimité. Il finit sa journée de travail à 18h30 et est généreusement rémunéré : « J’obtiens entre 90 000 et 115 000 euros par an. Il m’aurait fallu attendre un quart de siècle avant d’espérer un tel salaire dans le domaine de l’achat ! »
Ce jeune adulte est gestionnaire de comptes chez HubSpot, une compagnie américaine de logiciels pour clients. En d’autres termes, il supervise le processus de vente « de la recherche à la finalisation ». Ce poste valait bien les cinq entretiens d’embauche qu’il a dû passer, selon ce jeune diplômé de Kedge Business School : « J’ai une assurance santé robuste, du matériel de pointe et des formations valant jusqu’à 5 000 euros par an. »
Ce dit Hugo n’a pas toujours considéré travailler dans le secteur technologique : « Comme la plupart de mes camarades, je rêvais de devenir directeur des achats pour une grande entreprise. C’est le rêve ultime pour les ambitieux ! », raconte ce fils de chef d’entreprise. Cette ambition était aussi un moyen de rendre ses parents fiers, pour qui réussite et grandes entreprises du CAC 40 sont inséparables. Mais lors d’un stage dans une maison de luxe renommée, Hugo a été confronté à une « culture rigide » et à des tâches « peu stimulantes ». Cela contraste avec son travail actuel où il se confronte à des ventes « complexes » et gagne en indépendance.
« Moins de concurrence, » conclut-il.
Au fur et à mesure, le profil des diplômés des écoles de commerce a commencé à forger leur place dans le domaine technologique. C’est un secteur dominé par des ingénieurs, où le marketing et les ventes sont généralement dévalorisés. « Les ingénieurs sont les vedettes des entreprises technologiques, pas les commerciaux », déclare le sociologue Olivier Alexandre, auteur de ‘La Tech. Quand la Silicon Valley refait le monde’ (Seuil, 2023). Contrairement à des entreprises comme Coca-Cola ou L’Oréal, le domaine technologique n’était pas antérieurement une préférence pour les étudiants en commerce.
Cependant, la dynamique change. À HEC, la principale école de commerce en France, la technologie est maintenant le troisième domaine préféré des diplômés, seulement surpassé par la finance et le conseil, une grande évolution par rapport aux 2,5 % d’emplois qu’elle occupait pour les diplômés dix ans auparavant. « Les spécialistes de la vente sont très demandés dans le secteur technologique. C’est une opportunité, car la concurrence y est moindre ! » déclare Jean-Michel Moutot, professeur de gestion à Audencia Business School, à Nantes.
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