La performance des fonds en euros pour l’année 2024 sera-t-elle aussi impressionnante que celle de 2023 ? Il est encore prématuré pour répondre de manière définitive à cette question. Cependant, en tenant compte de « l’évolution des taux d’intérêt, des marchés financiers ainsi que de la conjoncture économique et politique de la France », l’expert indépendant Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, émet déjà « l’hypothèse d’un taux moyen de 2,50% », une légère baisse par rapport à 2023.
Rappelons que le rendement de ces supports financiers sécurisés a connu une progression notable, passant en moyenne de 1,9% en 2022 à 2,6% en 2023. Les assureurs avaient alors décidé, en utilisant des offres promotionnelles, de mettre leurs fonds en euros au centre de leur stratégie commerciale. Ceci afin de rivaliser avec le succès impressionnant du Livret A (son total net atteignant 28,68 milliards d’euros en 2023, alors que les fonds en euros ont connu une diminution nette de 27,6 milliards). Par ailleurs, les assureurs visaient à attirer de nouveaux capitaux dans leurs réseaux afin d’augmenter leurs portefeuilles – et donc leurs fonds en euros – en titres obligataires, qui sont redevenus rentables suite à l’augmentation abrupte des taux en 2022.
Il semble que la stratégie ait porté ses fruits. Pour les huit premiers mois de 2024, les dépôts sur les fonds en euros ont augmenté de 18 %, bien que la collection nette (les dépôts moins les retraits) soit moins impressionnante (-0,8 milliard pour les fonds en euros en août). « Soutenue par 61 % des ménages, l’assurance-vie retrouve pour la première fois depuis 2016 sa position de leader dans le classement des produits d’épargne les plus attrayants pour les Français, surpassant le Livret A, selon l’édition 2024 de l’étude IFOP-Cecop « Les Français, l’épargne et la retraite », note Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’épargne.
La question se pose quant à la résistance de ce regain de popularité des fonds en euros au regard de l’évolution du contexte financier, notamment la baisse simultanée de l’inflation et des taux d’intérêt des banques centrales. La réponse est aussi complexe que ces garanties de capital : trois facteurs doivent être pris en compte pour tenter de prévoir leur rentabilité future : l’inertie, la dispersion et les réserves.
L’inertie
Majoritairement, les fonds en euros sont investis dans les dettes des entreprises et de l’État (représentant respectivement 34,1 % et 24,1 % des placements des assureurs fin 2023). Les fonds en euros ont bénéficié dans les deux dernières années de l’augmentation des taux obligataires, ce qui a permis de renflouer les portefeuilles plus rentables dans lesquels sont placés les montants investis dans les fonds en euros (les actifs généraux).
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