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Conflit discret en Cisjordanie

Sakir Khader, un photojournaliste palestino-néerlandais qui a rejoint l’agence Magnum Photos cette année, a consacré depuis 2002 son objectif à la Cisjordanie, où réside une partie de sa parenté. En avril 2002, alors qu’il n’avait que 11 ans, son cousin Kosay est tragiquement décédé après avoir reçu deux balles dans le coeur lors d’une fusillade israélienne à Naplouse. Sakir se souvient de Kosay en évoquant leurs moments passés dans leur jardin, dégustant des pastèques et discutant de leurs aspirations les plus intimes. Cette perte déchirante a inspiré Sakir à rendre hommage à son cousin en documentant leur vie et leur identité à travers ses photographies.

Toujours animé par ce dessein, Sakir Khader a fait de nombreux retours en Cisjordanie depuis le début du conflit à Gaza. Les mois précédant l’attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, ont été le témoin d’une escalade de la violence en territoires palestiniens, confirmée par la fréquence de plus en plus régulière des incursions de l’armée israélienne et des colons. Dernièrement, l’armée israélienne a envahi les camps de Jénine et Naplouse, associés par Israël à des centres de militants. Ceci a entrainé une augmentation des victimes : au 25 septembre 2024, le ministère palestinien de la santé dénombrait 717 décès, dont 160 enfants et 10 femmes. Les Israéliens décrivent ces victimes comme des « terroristes », tandis que les Palestiniens les qualifient de « martyrs ».

Dans cet environnement de violence omniprésente, qu’en est-il du sort des enfants ? Ils jouent, regardent avec admiration leurs ainés, et rêvent. Cependant, depuis l’intrusion dévastatrice du Hamas, les enterrements sont devenus monnaie courante et leurs aires de jeu sont transformées en cimetières. Leurs parents sont quasiment inexistants, contraints de se réadapter pour répondre à la réalité économique. En Cisjordanie, le taux de chômage a augmenté, passant de 12,9 % à 32% avant le conflit, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.

Quelques-uns, coincés entre les colonies et les points de contrôle, ont dû abandonner l’agriculture pour des raisons de sécurité. D’autres ont perdu leur travail en Israël et se débattent pour répondre aux besoins de leur famille au quotidien. En ce qui concerne ceux qui travaillent en Cisjordanie, ils passent souvent de nombreuses heures pour atteindre leur lieu de travail, entravés par l’augmentation des barrages israéliens depuis le début de la guerre. « Les gens ne l’expriment pas, car ils ont de la fierté, mais c’est très difficile. Parfois, ils ne disposent pas de quoi se procurer du pain ou du riz », témoigne Sakir Khader.

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