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14 octobre 2024 14 h 50 min

Chine: manœuvres militaires autour Taïwan

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Dans le cadre de ses exercices militaires, Pékin a complété le déploiement d’avions de guerre et de navires autour de Taïwan le lundi 14 octobre. Ces actions, décrites comme un « avertissement sérieux » aux autorités séparatistes de Taïwan, ont soulevé des préoccupations à Washington. La Chine voit Taïwan comme un territoire à réintégrer.

Les autorités chinoises ont confirmé le succès des manœuvres militaires engagées lundi autour de Taïwan, et souligné le plein test des capacités d’opérations conjointes intégrées de leurs forces armées. Li Xi, un porte-parole de l’armée chinoise, a déclaré que les troupes resteront en alerte, continueront de se préparer au combat et contrecarreront toute tentative d’indépendance de Taïwan.

Des chasseurs, des bombardiers et d’autres avions d’attaque, ainsi que plusieurs destroyers et frégates ont été utilisés selon CCTV, la télévision publique chinoise. Ces exercices interviennent peu après que le président taiwanais, Lai Ching-te, se soit engagé à résister à une possible annexion chinoise de l’île et à protéger sa souveraineté.

En résistant aux menaces extérieures, M. Lai a promis, dans un message publié sur Facebook, de maintenir son engagement à défendre le système démocratique et libre de Taïwan, à protéger les valeurs démocratiques de l’île et à garantir sa sécurité nationale. Il a déclaré que son pays reste en « alerte renforcée ».

Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, a clairement indiqué que l’indépendance de Taiwan est incompatible avec la tranquillité dans le détroit de Taïwan, qui sépare le territoire d’îles de la Chine continentale. Elle a insisté sur le fait que toute provocation des partisans de l’indépendance de Taïwan serait traitée par des mesures répressives. Cela a été révélé lors de sa conférence de presse habituelle dans l’après-midi.

Des manœuvres militaires chinoises nommées « Joint Sword-2024B » ont été organisées sur trois fronts – nord, sud et est de l’île taïwanaise, selon le capitaine de l’armée chinoise, Li Xi. Il a ajouté que ces exercices se concentrent sur des patrouilles de combat aérien et naval, le blocus de ports et de zones clés, ainsi que des attaques sur des cibles en mer et sur terre.

Un fonctionnaire du ministère taïwanais de la Défense a signalé que lundi ils avaient repéré 125 avions chinois à proximité de l’île, ce qui est un record pour une journée. Le ministère taïwanais a vivement critiqué cette approche irresponsable et provocante de la part de Pékin et a réaffirmé son engagement à sauvegarder la liberté, la démocratie et la souveraineté de Taïwan en déployant les forces nécessaires pour riposter de manière adéquate. Il a conclu dans un communiqué en affirmant que tous les officiers et soldats du pays étaient en alerte face à toute menace ennemie.

Lundi, un Chinois a été appréhendé par les garde-côtes de Taiwan suite à une supposée « intrusion » à Kinmen – une île proche de la ville chinoise de Xiamen, sans clairement établir un lien avec les opérations actuelles. Les garde-côtes de Taiwan ont dévoilé une « alerte avancée » sur les îles taïwanaises périphériques à l’île principale, notamment Penghu, Kinmen et Matsu.

Taïpei et Pékin entretiennent des relations tendues. Les garde-côtes Chinois ont quant à eux déclaré avoir initié des « contrôles de maintien de l’ordre » autour des eaux de l’île de Taiwan. Selon les gardes-côtes de Taiwan, « plusieurs navires » ont franchi la ligne médiane du détroit de Taiwan, un dividende maritime entre l’île et la Chine continentale non reconnu par Pékin.

Une mise en garde contre toute « provocation » à l’égard de Taïpei par Pékin a été émise par les Etats-Unis dès vendredi, suite à des échanges houleux entre les deux pays voisins, jugeant ces actions comme « injustifiables » et pouvant potentiellement mener à une « escalade ». Depuis 1979, les États-Unis reconnaisent uniquement Pékin comme le pouvoir chinois légitime au détriment de Taipei, mais demeurent le principal allié militaire de Taiwan et son principal fournisseur d’armes.

Nabila Massrali, porte-parole du service diplomatique de l’Union européenne, a appelé tous les participants à s’abstenir de toute action susceptible d’accentuer les tensions dans le détroit [entre Taiwan et la Chine continentale], qui doivent être résolues par le dialogue », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Selon les allégations de la Chine, les autorités actuellement au pouvoir à Taïwan cherchent à élargir le fossé culturel entre l’île et la Chine continentale. En riposte, la Chine a renforcé sa pression militaire sur Taïwan en intensifiant ses activités militaires autour de l’île. Au cours des deux dernières années, Pékin a orchestré trois grands exercices militaires, impliquant ses forces aériennes et navales pour encercler l’île. Dimanche dernier, les forces armées taïwanaises ont déclaré être en « état d’alerte » après avoir repéré le porte-avions chinois Liaoning au sud de l’île.

Les relations entre Pékin et Taipei se sont nettement détériorées depuis 2016, avec l’arrivée au pouvoir de Tsai Ing-wen, suivie de celle de son successeur, Lai Ching-te, en 2024. Lors de son investiture en mai, M. Lai s’était engagé à s’opposer à tout projet d’annexion de l’île par la Chine ou à toute atteinte à sa souveraineté, lors de la célébration de la fête nationale taïwanaise. La réponse de Pékin a été de prévenir que toute « provocation » de la part du président de Taïwan entraînerait un « désastre » pour ses habitants.

La source des conflits entre Pékin et Taipei se trouve dans la guerre civile qui a opposé les forces communistes dirigées par Mao Zedong aux nationalistes menés par Tchang Kaï-chek. Après avoir été vaincus par les communistes, qui ont créé la République populaire de Chine le 1er octobre 1949, les nationalistes, accompagnés de nombreux civils, ont fui vers Taïwan, l’une des rares parties du territoire national qui n’étaient pas encore sous le contrôle des forces de Mao Zedong.