Bien que Oronce de Beler, un quarantenaire, puisse être vu entrer dans sa grandiose demeure en pierre nichée au cœur de Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), il n’est pas un natif du terroir bourguignon. Né à Paris et diplômé d’une école de commerce, ni la Bourgogne ni le vin ne faisait partie de son patrimoine naturel. Cela a pris deux décennies, avec des moments de lutte, pour qu’il se forge une carrière et acquière cette maison. Aujourd’hui, il pilote un projet multiforme en tant que producteur de vin et de bière.
De Beler a d’abord sillonné la voie du vin. À l’âge de 26 ans, il rejoint le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole de Beaune pour étudier la viticulture. Une fois son diplôme obtenu, il reste dans cette région où il n’a aucun lien familial et commence à produire des petites cuvées pour démarrer son propre négoce. Le domaine Machard de Gramont, à Nuits-Saint-Georges, est le premier à lui confier ses raisins produits de manière biologique. Ce fut le lancement de sa marque, La Maison Romane, qui offre une large choix de crus différents, comme marsannay, fixin, chambolle-musigny, vosne-romanée, qu’il produit à sa manière, sans soufre ni ajout de levures. « Je produis des vins très aérés, légers, mais longs en bouche, avec une digestibilité. C’est ma vision du pinot noir », explique ce neo-rural.
En 2009, lorsqu’Oronce de Beler a commencé à commercialiser ses premières cuvées, l’économie était en crise. « C’était difficile, il admet. Pour cette raison, j’ai initié un autre métier de traction animale pour le labour des vignes. » Il a réussi à jongler avec ces deux entreprises. En 2015, il vend sa société, Equivinum, qui avait également produit des prototypes de harnais modernes. Cependant, en 2019, Oronce a une fois de plus ressenti le besoin de diversifier ses sources de revenus. Il ne possédait toujours pas sa propre vigne et son commerce reposait sur la volonté des vignerons qui lui fournissaient les raisins dans un environnement où le coût des vins de Bourgogne ne cessait d’augmenter.
« Dans la dernière décennie, l’augmentation du prix des raisins est devenue folle. J’essaie donc de maintenir les prix de mes vins stables, dit-il. C’est pourquoi je me suis tourné vers d’autres produits, comme la bière. » Au début, il a lancé la marque Nova Villa avec son ami brasseur, Diego Acuña Weisser. Ensemble, ils ont produit une pale ale et une IPA. Cependant, cette année, chacun a choisi de poursuivre un parcours différent. Diego Acuña Weisser a créé sa propre brasserie, Harvest Brewing, à Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or), tandis qu’Oronce de Beler s’est consacré à sa passion, la production de « mousses sauvages » qui portent également le label La Maison Romane. « Je considère ces bières de la même manière que mes vins », déclare le brasseur. « Elles sont très délicates, avec de la mousse mais légèrement effervescentes. »
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