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13 octobre 2024 1 h 49 min

L’ère moderne de l’activisme numérique

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Le 27 août, trois jours après que Pavel Durov, le PDG de Telegram, ait été arrêté, une mystérieuse annonce sur la messagerie prétend avoir « déformé » la page d’accueil de plusieurs sites Web français. Avec le hashtag #FreeDurov, le groupe Stucx Team revendique ce piratage en soutien à Durov, un citoyen franco-russe, sur plusieurs sites français.

Dans le même message, le collectif en ligne, reconnu pour ses actions notables, exprime sa gratitude envers ses « frères d’armes », d’autres groupes aux noms suggestifs tels que Moroccan Black Cyber Army, Holy League, Khalifa Cyber Crew et Ripper Sec. La Stucx Team, qui se considère comme une coalition de militants musulmans de Malaisie, n’est que la pointe de l’iceberg. En effet, au cours des dernières années, de nombreuses entreprises et experts en sécurité informatique ont remarqué une résurgence du hacktivisme, une combinaison de « hacker » et « activisme », une forme de militantisme en ligne popularisée par Anonymous.

Des noms tels que NoName057, Anonymous Sudan, Philippines Exodus Security et Indian Cyber Force sont devenus de plus en plus courants, en particulier sur Telegram, rendant difficile de naviguer dans la profusion de ces groupes et d’évaluer leur impact réel.
Un renouveau est en marche.

En fait, bon nombre déclarent être à l’origine d’activités peu élaborées. L’entreprise reconnue Group IB a analysé les actions du Mysterious Team Bangladesh, un collectif de hackers motivés par des buts « politiques et religieux », qui visent principalement, depuis 2020, l’Inde et Israël. L’entreprise a découvert que près de 90% des opérations revendiquées par ce groupe étaient de simples attaques par déni de service (DDoS). Le reste des actions revendiquées impliquait des défigurations, c’est-à-dire des modifications de la page d’accueil de sites généralement faiblement protégés. Une autre méthode couramment utilisée par cette nouvelle génération est le hack and leak, autrement dit, la diffusion d’informations confidentielles et de documents volés, qui sont souvent impossibles à vérifier.

Ces techniques sont directement héritées d’Anonymous, selon Gabrielle Coleman, chercheuse américaine spécialiste de cette mouvance informelle qui a marqué les premières années de la décennie 2010, mais qui est aujourd’hui en déclin. Cependant, pourquoi de nouvelles factions se réclament-elles soudainement de cette ligne d’action indépendante ?

Étonnamment, la première piste à explorer se trouve du côté des États, comme le montre le cas du collectif Handala : le 18 septembre, au lendemain de l’explosion de milliers de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah au Liban et en Syrie, le groupe promet de révéler la vérité sur cette attaque et commence à diffuser des documents. Ces documents, dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée par Le Monde, sont présentés comme ayant été volés à des entreprises qui ont collaboré avec les services de renseignement israéliens pour mener à bien cette opération.

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