Catégories: Actualité
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13 octobre 2024 21 h 44 min

Critiques: Arnott, Parisis, Sabolo, Sapin

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« Six romans, deux ouvrages historiques, deux compilations de poésie, une biographie, un récit, une bande dessinée, un livre d’art, un livre pour enfants… Voici un aperçu critique de quinze publications remarquables pour cette quarante-et-unième semaine de l’année.

Roman. « Quelques instants pour l’éternité », de Kjersti Anfinnsen

Pour l’écrivaine norvégienne Kjersti Anfinnsen (née en 1975), la vie des retraités offre un sujet littéraire fascinant et sous-estimé. Cette idée est illustrée par les deux courts romans qu’elle a rassemblés dans le volume actuel. A travers une prose minimaliste et des chapitres parfois composés d’un seul paragraphe, elle décrit la vie de son héroïne. Cette dernière, pour sa retraite, a décidé de s’installer à Paris. Ainsi, le texte représente un double adieu : à son pays d’origine et à la vie passée. Le récit évoque le carnet de route d’une nouvelle existence, tissée de souvenirs, de soucis quotidiens, mais aussi de passions et de dilemmes. Plutôt que de grandes symphonies, nous sommes en présence de musique de chambre. En résulte une élégante méditation sur ce qui finit et ce qui perdure. E. Ba.
« Quelques instants pour l’éternité » (De siste kjærtegn. Oyeblikk for evigheten), de Kjersti Anfinnsen, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, Mercure de France, 140 p., 23 €, numérique 17 €.

Roman. « Limberlost », de Robbie Arnott »

Dans sa langue maternelle, Limberlost a fait sa première apparition en 2022. À l’époque, Robbie Arnott, un écrivain australien prometteur (né en 1989 en Tasmanie), a partagé son appréciation personnelle sur son Instagram sobre, en écrivant : « C’est de loin le plus personnel de ce que j’ai jamais écrit (…). J’espère que vous l’aimerez. » L’appréciation du public a dépassé largement son souhait, en se laissant bouleverser par ce roman. L’ouvrage a été admirablement traduit par Laure Manceau, qui a également rendu justice à ses deux précédents livres, Flammes et L’Oiseau de pluie, Actes Sud, 2019, et Gaïa, 2022.

L’histoire commence au débouché d’un fleuve, où une baleine furieuse est soupçonnée d’avoir causé plusieurs naufrages. Ned, qui avait seulement cinq ans à l’époque, se souvient de cette nuit froide qu’il a passée sur l’eau à l’attendre. Une décennie plus tard, il chasse des lapins (considérés comme une nuisance en Australie) pour économiser et acheter un bateau afin de retourner sur la scène initiale. Il espère également retourner à une époque où ses frères n’avaient pas encore été envoyés à la guerre – en 1940 – où sa sœur paraissait moins mélancolique et où son père, écrasé par le chagrin suite à la mort de son épouse, n’était pas perdu, errant à travers son verger vide de fruits.

L’histoire de Ned est ensuite dépeinte avec tous les dons et les aléas que la vie a choisi de lui accorder. Le récit parle de rêves et de sacrifices, de conversations silencieuses et d’amour doux. Avec une clarté déconcertante, Robbie Arnott décrit la vie telle qu’elle est et telle qu’elle disparaît, souvent sur la pointe des pieds. Et même s’il traite de la finitude, il suggère aussi, avec une justesse et une précision incomparable, l’étonnante beauté de la nature et les délices qu’elle offre. E.G.

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