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Combats intenses près de Koursk

L’émission en direct a été portée par les efforts de Solène L’Hénoret, Marie Pouzadoux, Jean-Philippe Lefief, Agnès Gautheron, Cécile Bouanchaud, Anna Villechenon, Grégor Brandy, Glenn Cloarec, Pierre Bouvier, Aurélie Collas et Louise Vallée. Retrouvez tous nos articles, nos réflexions et nos reportages concernant le conflit en Ukraine.

On notera un reportage mettant en lumière l’offensive de Koursk, où l’Ukraine a pris la position inhabituelle d’une armée d’occupation. Une analyse suivie de la retraite de l’armée ukrainienne de Vouhledar, constamment en recul face aux incursions russes. On note également une lettre traitant d’un musée à Kiev dédié au conflit avec la Russie. Un autre reportage fait état du mauvais traitement des prisonniers de guerre russes, comme le signale un rapport de l’ONU. Cliquez sur une ligne pour plus de détails.

Prêtez attention à l’utilisation croissante de drones par les forces de Moscou et de Kiev. La bataille aérienne entre la Russie et l’Ukraine a atteint des proportions inédites au cours des derniers mois. D’après un rapport d’un centre de réflexion britannique spécialisé en défense, l’Ukraine perd chaque mois environ 10 000 drones sur le front, soit plus de 300 par jour. A titre de comparaison, l’armée française dispose d’un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement des petits UAV (véhicules aériens sans pilote) civils qui sont économiques et disponibles en grand nombre. Ces drones sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et pour guider les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont même adaptés pour porter de petites charges explosives, à larguer au-dessus des tranchées ou des chars.

Les drones kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial. Ils sont équipés d’explosifs et sont déployés sans objectif préalablement défini au-dessus de la ligne de front. Les drones russes Lancet-3 et le Shahed-136, produit en Iran, sont utilisés par Moscou. L’Ukraine, sans une armée maritime adéquate, utilise des véhicules maritimes sans pilote, à savoir des kayaks guidés à distance et remplis d’explosifs (450 kg de TNT).

En raison de l’importance cruciale des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes se sont organisés pour approvisionner leurs troupes en drones, en les achetant en quantité sur le marché civil, mais aussi en développant leurs propres capacités de production. Malgré un début hésitant lors de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne a depuis lors pris de l’ampleur. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’une réplique du drone russe Lancet qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La situation en Russie est plus complexe, les sanctions occidentales restreignant son accès aux composants électroniques. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y produire des drones kamikazes iraniens tels que le Shahed-136.

Quant à l’inventaire des missiles russes, il est extrêmement difficile, si ce n’est impossible, de connaître leur état actuel. Le service de renseignement ukrainien publie régulièrement à ce sujet, mais leurs évaluations sont discutables.

Selon les déclarations d’Andri Ioussov, un représentant de l’agence de renseignement du ministère de la Défense (GUR), que Liga.net a cité, l’armée russe avait en sa possession 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et avait encore plus de 900 de ces engins en début d’année. En plus de ce nombre, le porte-parole a ajouté que la Russie possède des milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, une version plus moderne avec une portée triple. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement du GUR, avait estimé ce nombre à 585 missiles d’une portée dépassant 500 kilomètres.
En ce qui concerne la production, elle serait maintenant à environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.
De plus, la Russie aurait acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait à en obtenir. D’après Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de la gamme Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) lui auraient été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été finalisé. Le nombre exact des missiles nord-coréens que la Russie a acquis reste inconnu, cependant, 24 de ces missiles ont été tirés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024 selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts qui ont examiné les restes et les trajectoires, il s’agirait probablement de KN-23 et de KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.
Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Au commencement d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des avions de combat fabriqués par les États-Unis et sollicités par Kiev depuis le déclenchement du conflit. Selon le dirigeant des forces armées, Oleksandr Syrsky, l’exploitation optimale de ces avions innovants contribuera à préserver la vie des soldats ukrainiens. Ruslan Stefanchuk, le président du Parlement, a également manifesté son enthousiasme face à l’arrivée de « l’avion de guerre tant attendu », capable d’amplifier significativement nos aptitudes.

Cependant, le 30 août, le haut commandement militaire ukrainien a annoncé le crash d’un de ces avions, entraînant la mort de son pilote, qui repoussait une attaque de missiles russes à grande échelle sur l’ensemble du territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis le commencement de l’invasion russe en février 2022, Kiev n’a cessé de solliciter l’envoi des F-16 fabriqués par les États-Unis. En août 2023, le président américain, Joe Biden, a approuvé le déploiement de ces appareils américains en Ukraine, bien que les États-Unis ne fournissent aucun de leurs propres avions.

D’ici 2028, 95 avions ont été promis à Kiev par ses alliés : trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. La Suède s’est également engagée en fin mai à expédier un avion de type Awacs, essentiel pour la collecte de renseignements et la coordination d’éventuelles actions avec les F-16.

Par ailleurs, les pilotes ukrainiens doivent être instruits sur ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à assumer la formation de ces pilotes.

Quel est le soutien militaire fourni à Kiev par ses alliés ?

Le soutien occidental à Kiev semble fléchir deux ans après le début de la guerre intense, d’après un récent rapport publié par l’Institut Kiel en février 2024. Entre août 2023 et janvier 2024, les aides nouvellement accordées ont chuté par rapport à la même période de l’année précédente. Malgré des efforts, le Sénat américain a du mal à approuver de nouvelles aides, et l’Union européenne a rencontré des difficultés pour faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison du blocage hongrois. Ces deux derniers paquets d’aide n’ont néanmoins pas été pris en compte dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, terminé en janvier 2024.

L’Institut allemand a constaté une diminution du nombre de donateurs, se concentrant principalement autour d’un groupe de pays : les Etats-Unis, l’Allemagne, et des pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays promettent à la fois une assistance financière considérable et des équipements militaires modernes. En tout, depuis février 2022, les nations soutenant Kiev se sont engagées à contribuer au moins 276 milliards d’euros dans les domaines militaire, financier ou humanitaire.

Les pays les plus fortunés ont fait preuve de la plus grande générosité en valeur absolue. Les Etats-Unis sont les donateurs les plus importants avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promis, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont promis à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un montant total de 158,1 milliards d’euros.

En prenant en compte les contributions à l’égard du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le rang varie. Les États-Unis tombent à la vingtième position (avec 0,32 % de leur PIB), suivant plusieurs autres pays à proximité de l’Ukraine ou anciennes républiques alliées soviétiques. C’est l’Estonie qui se hisse en tête des contributions en fonction du PIB avec 3,55 %, le Danemark est deuxième avec 2,41 % et la Norvège troisième avec 1,72 %. La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) viennent compléter le top 5. Les trois États baltes, partageant tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus munificents depuis le début des hostilités.

La France se situe à la vingt-septième place du classement en termes de pourcentage du PIB, ayant engagé seulement 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide que la France fournit a connu une régression constante depuis l’assaut initial de la Russie sur l’Ukraine – La France était au vingt-quatrième rang en avril 2023, et au treizième au cours de l’été 2022.

Quelles sont les informations sur les conflits à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Au cours des derniers mois, la Pologne et l’Ukraine ont subi une période de tensions dues à l’exportation de céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne a lancé des « voies de solidarité » pour aider à l’évacuation et la vente des produits agricoles ukrainiens vers le Moyen-Orient et l’Afrique, sans taxes à l’importation. Cependant, la Fondation Farm, un think-tank dédié aux problèmes mondiaux de l’agriculture, a révélé que près de la moitié de ces céréales traversent ou atteignent leur destination finale au sein de l’Union européenne (UE), ce qui provoque des problèmes, car ces céréales sont vendues à des prix beaucoup moins élevés que le blé cultivé en UE, surtout dans les pays d’Europe centrale.

En conséquence, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie se sont plaintes que ces importations perturbent leur marché local et affectent les revenus des agriculteurs. En avril 2023, ils ont donc décidé de bloquer de manière autonome leurs importations de céréales. Bruxelles a autorisé cet embargo à condition qu’il n’interrompe pas le transit de céréales vers d’autres pays et que sa durée soit limitée à quatre mois. Cependant, Varsovie a refusé de lever l’embargo sur les céréales ukrainiennes à la fin de l’été, arguant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu, malgré les affirmations de Bruxelles selon lesquelles l’embargo n’était plus nécessaire car leurs analyses indiquaient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux des céréales ».

Dans un effort pour boycotter les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes, les fermiers polonais ont mis en place un blocus le long de la frontière polono-ukrainienne, empêchant les véhicules ukrainiens de traverser. Ils protestent contre la forte augmentation de leurs dépenses de production tandis que leurs réserves de grains sont pleines et que les tarifs sont au creux de la vague. Selon le président ukrainien, cette paralysie de la frontière polonaise manifeste une diminution de la solidarité envers l’Ukraine, soulignant la nécessité des discussions avec la Pologne en 2024. Il a ajouté que ce climat de friction fait le bonheur de Moscou, critiquant l’émergence de messages de soutien à Poutine.

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