En ce début d’octobre, les élèves affluent et se dispersent du campus Gambetta-Carnot à Arras. Ils traversent ou s’arrêtent dans le petit parc Frachon, entouré de bancs qui bordent des zones verdoyantes. Le paysage est teinté de réminiscences de l’attentat perpétré contre cette institution de plus de 2 000 étudiants et 192 employés le 13 octobre 2023, où le professeur Dominique Bernard fut tué. Depuis cette tragédie, le carré est entouré de blocs de ciment et d’énormes jardinières ont été installées à l’endroit où M. Mogouchkov, un ancien élève de l’institution, a tué le professeur de littérature.
François Duceppe-Lamarre, enseignant en histoire et géographie à Gambetta, s’est demandé pendant un certain temps s’il pourrait encore traverser chaque jour l’entrée de l’établissement, devenue le théâtre du crime. Pendant plusieurs mois, il a opté pour des entrées latérales. « Maintenant, j’y arrive, comme si c’était une porte ordinaire », admet-il, tout en ajoutant avec émotion : « Parfois, je passe et je salue Dominique, j’ai une pensée pour lui ».
Un an après l’incident, le traumatisme causé par l’attentat persiste au sein de la communauté éducative de Gambetta-Carnot. Un hommage a été rendu à Dominique Bernard le vendredi 11 octobre, avant une cérémonie publique organisée le dimanche par la mairie, à laquelle a participé Isabelle Bernard, la veuve du professeur.
Lors de l’assaut, trois membres du personnel de l’institution ont été touchés. En raison du stress traumatique, certains instructeurs ont dû être suspendus pendant plusieurs mois. Au-delà de l’agression brutale et du processus douloureux de guérison, le 13 octobre 2023, tout le monde a été profondément affecté par les heures passées en enfermement dans les salles de cours, suspendus à l’imagerie affichée sur les plateformes numériques. « Les cérémonies commémoratives nous ramènent aux événements. C’est incroyablement pénible pour certains d’entre nous. Et on constate que certains élèves et professeurs sont à bout. Nous observons que la spirale qui a débuté il y a douze mois n’est pas près de se terminer », déclare M. Duceppe-Lamarre, qui, depuis un an, travaille à « récupérer son enthousiasme progressivement » et à « maintenir la cohésion sociale ».
Soutien psychologique
Le bureau du recteur de Lille a réactivé les groupes de soutien pour la durée des commémorations. De multiples plans de soutien psychologique pour les étudiants et le personnel de l’institution ont été élaborés par la préfecture, l’organisation France Victimes et l’autorité éducative. Un plan de soutien individuel et de groupe a également été mis en place par le rectorat au printemps. Le secrétaire général du bureau du recteur, Paul-Eric Pierre, insiste sur l’importance de répondre aux attentes de maintien d’un soutien à long terme communiquées par les membres du personnel ». Gambetta est par ailleurs en lien avec des membres du personnel du collège où Samuel Paty, professeur assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020 près de son établissement à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), travaillait.
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