Ce samedi, Yom Kippour, une des festivités majeures du calendrier juif, est célébré par la communauté juive. Pour cette occasion, Le Monde des religions, a choisi quatre livres récemment publiés qui mettent en lumière des figures emblématiques de la pensée juive depuis le Moyen Age jusqu’à aujourd’hui, qui pourraient susciter l’intérêt des fidèles comme des non croyants.
L’une des ces publications est « Le Secret de la Torah » d’Abraham Ben Me’ir Ibn ‘Ezra et traduit par René Gutman. Elle est vendue pour 19,90 euros par Les Belles Lettres et consiste en 354 pages.
Abraham Ben Me’ir ibn ‘Ezra, né en Andalousie en 1092, était un penseur juif qui gagnait sa vie en tant que poète avant de déménager en Italie puis en Normandie et enfin en Angleterre. Sa migration fut principalement due à l’arrivée au pouvoir des Almohades, une dynastie qui était bien moins tolérante envers les juifs que ses prédécesseurs. Son exil lui a permis de partager sa connaissance du judaïsme séfarade d’Espagne et des philosophes et mathématiciens musulmans de cette époque, encore largement méconnus dans l’Occident chrétien, avec les communautés juives qu’il a croisées lors de ses voyages.
À 66 ans, il écrivit son dernier livre intitulé « Le Secret de la Torah », dans lequel il soutient que chaque commandement de la Bible hébraïque est motivé par des raisons rationnelles, voire scientifiques. En tant que linguiste érudit de l’hébreu, il a analysé les textes bibliques en utilisant une approche rationnelle de la langue pour en dégager leur signification. Grace à la traduction de René Gutman, ancien grand rabbin de Strasbourg et titulaire d’un diplôme de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), ce livre est désormais disponible en français pour la première fois.
Écrit dans un style moderne et transparent, le livre est présenté avec une introduction détaillée. René Gutman décrit méticuleusement et clairement le contexte dans lequel a vécu ce penseur médiéval, qui a été influencé par le philosophe musulman Avicenne (980-1037). Pendant sa vie, ses efforts auprès des communautés juives de toute l’Europe n’ont été récompensés que modérément, son approche rationnelle de l’exégèse n’étant pas assez puissante pour rivaliser avec les rabbins français de l’époque. Cependant, Ben Me’ir Ibn ‘Ezra est devenu un penseur majeur, reconnu comme l’un des précurseurs de la kabbale, le courant mystique dominant du judaïsme.
« Maïmonide. La foi dans la raison », écrit par Alberto Manguel, traduit par Laurent Cantagrel et publié par Les Belles Lettres, est un livre de 264 pages vendu à 15,50 euros. Un livre de Maïmonide a survécu aux siècles : Le Guide des égarés. Son impact fut significatif, depuis Maître Eckhart jusqu’à Kafka, en passant par Leibniz et Freud. Derrière ce sommet de la pensée juive médiévale se cache un philosophe, médecin et théologien – Moïse Ben Maïmon, son nom complet, qui est né à Cordoue en 1138 et est décédé au Caire en 1204 après une série d’exils dus à la persécution des Juifs. Pour comprendre l’homme et ses idées, nous avons ici un guide renommé : Alberto Manguel, un célèbre écrivain et traducteur argentin-canadien, auteur d’Une Histoire de la lecture (1996), mondialement reconnue.
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