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12 octobre 2024 9 h 49 min

Russie: 47 drones interceptés

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Le live a profité de l’animation de Solène L’Hénoret, Marie Pouzadoux, Jean-Philippe Lefief, Agnès Gautheron, Cécile Bouanchaud, Anna Villechenon, Grégor Brandy, Glenn Cloarec, Pierre Bouvier, Aurélie Collas et Louise Vallée. Vous pouvez trouver tous nos articles, reportages et analyses concernant le conflit en Ukraine.

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Reportage. Un rapport de l’ONU suggère que des prisonniers de guerre russes ont subi des traitements inhumains. Pour plus d’informations, sélectionner une ligne. Tout fermerComment Moscou et Kiev utilisent des drones?

La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a significativement escaladé durant ces derniers mois. Selon un rapport révélé en mai 2023 par un think tank britannique spécialisé dans les questions de défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones chaque mois dans les champs de bataille, ce qui équivaut à plus de 300 chaque jour. Pour comparer, l’armée française ne dispose que de légèrement plus que 3 000 drones dans ses stocks.

Ukrainiens et Russes utilisent principalement des petits UAV (véhicules aériens sans pilote, en anglais) de source civile, qui sont bon marché et largement disponibles. Ils sont principalement utilisés pour surveiller le champ de bataille et guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des blindés.

Bien que leur nombre soit moins important, les drones-kamikazes remplissent une fonction crucial. Équipés d’un mécanisme explosif, ces Véhicules Aériens Non Habités (UAV) sont projetés au-dessus de la ligne de front sans mission prédéfinie. La Russie a recours aux drones russes Lancet-3 et aux Shahed-136 iraniens. Malgré l’absence d’une flotte de guerre solide, l’Ukraine défie l’adversaire avec des dispositifs maritimes sans pilote, soit de petits kayaks télécommandés et bourrés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Preuve de l’importance des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont structuré leurs forces pour assurer un approvisionnement continu, en faisant non seulement l’acquisition de drones civils en grand nombre sur le marché, mais aussi en établissant des capacités de production internes. Au commencement de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie domestique ukrainienne semblait débutante, mais elle a depuis pris de l’ampleur. Fin août, le ministre de la transformation numérique d’Ukraine a annoncé que une réplique du drone russe Lancet est actuellement en développement et bientôt sera lancée sous le nom de Peroun, dieu slave des éclairs et du tonnerre.

Restreinte par les sanctions de l’occident, qui entravent son approvisionnement en pièces électroniques, la Russie connaît certaines difficultés. Cependant, d’après les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes de conception iranienne, comme les Shahed-136.

Qu’en est-il des réserves de missiles russes ?

Il est extrêmement difficile, si ce n’est impossible, de savoir l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens partagent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs évaluations sont incertaines.

Andri Ioussov, représentant de l’agence de renseignement militaire principale (GUR), a signalé à Liga.net que l’armée russe avait environ 2 300 missiles balistiques et de croisière avant la guerre, et leur nombre s’élevait à plus de 900 au début de l’année. Ioussov a également mentionné l’ajout à ces chiffres de plusieurs milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’une quantité significative de missiles S-400, une version plus moderne avec une portée triple. Vadym Skibitsky, l’adjoint du GUR, indiquait un total de 585 missiles d’une portée de plus de 500 kilomètres en août.

Quant à la production, selon une multitude d’experts, la Russie serait capable de fabriquer une centaine de ces missiles chaque mois. En octobre, la GUR estimait cette production à 115.

D’autre part, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait à en acheter. L’agence Reuters, citant plusieurs personnes en Iran, rapporte que 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles provenant de la Corée du Nord et achetés par la Russie n’est pas connu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, indique le procureur général Andriy Kostin. Selon l’analyse des experts sur les restes et les itinéraires, il est probable que ce sont des KN-23 et KN-24, avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En début d’août, l’Ukraine a reçu ses premiers avions de combat F-16 fabriqués aux États-Unis, des aéronefs que Kiev réclamait depuis le début de la guerre. Le chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a déclaré que l’emploi efficace de ces avions ultramodernes pourrait préserver la vie de nombreux soldats ukrainiens. Le président du parlement, Ruslan Stefanchuk, a célébré l’arrivée de cet avion de guerre tant attendu qui est capable d’accroître considérablement notre puissance.

Néanmoins, la direction militaire ukrainienne a révélé le 30 août qu’un des avions s’était écrasé, tuant son pilote, suite à la défense contre une attaque de missiles russes à grande échelle sur l’ensemble du territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis l’initiation de l’invasion russe en février 2022, Kiev sollicitait instamment l’approvisionnement d’avions F-16 made in America. En août 2023, le président américain Joe Biden, a donné son assentiment pour la mise en place de ces aéronefs américains en Ukraine, bien que les États-Unis ne fournissent aucun de leurs propres avions.

95 avions sont promis à Kiev par ses alliés d’ici 2028: trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. En outre, à la fin de mai, la Suède s’est engagée à livrer un avion Awacs, essentiel pour la collecte de renseignements et la coordination éventuelle d’opérations avec les F-16.

En parallèle, les pilotes d’Ukraine doivent être formés afin de piloter efficacement ces avions de combat américains. Onze nations alliées à Kiev ont promis de prendre en charge la formation de pilotes. Le type de soutien militaire que Kiev reçoit de ses alliés est donc notable.

Deux ans après l’escalade du conflit, l’élan de soutien des nations occidentales à Kiev semble s’affaiblir. Comme le révèle le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, de nouvelles aides ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 comparé à la période équivalente l’année précédente. Cette tendance pourrait se prolonger, l’approbation d’aides par le Sénat américain s’avère difficile, et l’Union européenne (UE) a eu du mal à faire adopter un plan d’aide de 50 milliards le 1er février 2024 à cause d’un blocage de la Hongrie. Il faut préciser que les deux plans d’aide ne sont pas intégrés dans le dernier décompte de l’Institut Kiel, qui concerne les dons jusqu’en janvier 2024.
Les informations recueillies par l’institut allemand indiquent une concentration de donateurs, qui se limite à un groupe de pays, incluant les Etats-Unis, l’Allemagne, et des pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces derniers offrent à la fois une assistance financière importante et des armements sophistiqués. Depuis février 2022, les nations soutenant Kiev s’engagent à fournir au moins 276 milliards d’euros sur le plan militaire, financier ou humanitaire.
En termes absolus, les nations les plus prospères se sont révélées les plus généreuses. Les Etats-Unis sont de loin les donateurs les plus importants, avec plus de 75 milliards d’euros d’aides annoncées, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les pays de l’UE ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives issues des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), atteignant un total de 158,1 milliards d’euros.

En tenant compte des contributions en proportion du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement est différent. Les États-Unis tombent à la vingtième position avec 0,32% de leur PIB, bien après certains pays situés près de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. C’est l’Estonie qui se place en tête des donateurs proportionnellement à leur PIB, avec 3,55%, suivie du Danemark (2,41%) et de la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) terminent le top 5. Ces trois pays baltiques, tous voisins de la Russie ou son alliée la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, La France se situe à la vingt-septième place, ayant alloué 0,07% de son PIB, juste après la Grèce (0,09%). L’assistance apportée par la France a connu une diminution constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – La France était classée vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Pour plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne ont eu des difficultés à maintenir de bonnes relations. Le conflit est centré sur le transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, l’Union européenne avait introduit des « voies de solidarité », sans frais douaniers, pour permettre l’exportation et la vente de produits agricoles ukrainiens en Afrique et au Moyen-Orient. Cependant, depuis le début du différend, la Fondation Farm indique que près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par, ou terminent leur trajet, dans l’Union européenne. Ces céréales sont vendues à un prix bien inférieur à celui du blé produit dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie soutiennent que ces céréales déstabilisent leur marché local et nuisent aux revenus de leurs agriculteurs. C’est pour ces raisons qu’en avril 2023, ils ont unilatéralement bloqué leurs importations de céréales ukrainiennes. Bruxelles a consenti à cet embargo à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, jugeant que le problème de base n’était pas résolu, bien que Bruxelles ait jugé que l’embargo n’était plus nécessaire, affirmant qu’il n’y avait pas de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Les agriculteurs en Pologne ont organisé une barrière à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine pour empêcher l’entrée de véhicules ukrainiens sur leur territoire national, tout en demandant un « blocus total » sur les produits agricoles et alimentaires ukrainiens. Leur revendication s’explique par l’augmentation drastique de leurs frais de production pendant que les silos et les entrepôts sont saturés et que les prix sont à leur niveau le plus bas. Au début de 2024, le président ukrainien a considéré que ce blocus était un signe de « l’ébranlement de la solidarité » envers l’Ukraine et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a également exprimé son inquiétude, affirmant que « seulement Moscou se ravissait » de ces conflits, tout en critiquant « l’émergence de devises ouvertement pro-Poutine ».