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12 octobre 2024 13 h 49 min

Protecteurs des créateurs méconnus

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La lampe Dora, une création singulière de l’artiste André Cazenave, émet une lumière évanescente qui rappelle celle d’un galet brillant. Elle fait partie des expositions de la Galerie Paradis dans le 10ième arrondissement de Paris, une galerie de 1000 mètres carrés consacrée au design vintage. Elle est en bonne compagnie avec les tables de Roger Capron, les chaises Tulip d’Eero Saarinen, et le fauteuil Bouloum d’Olivier Mourgue, tous des designers réputés du 20e siècle.

Cependant, alors que la lampe Dora, ou « lampe caillou » comme on la connaît parmi les collectionneurs, est une pièce bien connue des années 70, le monde ne sait pas grand chose de Cazenave, son créateur. Sans la détermination d’Emma Demuynck et Julien Borisov du duo Alia Vitae, la lampe ne serait probablement pas revenue dans les galeries spécialisées. Les versions exposées à Paris, New York et Dubaï sont des rééditions, disponibles en trois tailles différentes et vendues entre 350 à 950 euros.

Remettre sur le devant de la scène les créateurs oubliés ou sous-estimés est aussi le défi relevé par Oliver Oksman de Walter & Moretti, et de Léonie Alma Mason, la fondatrice de LOMM Editions. Parallèlement à leur travail de designer et d’architecte d’intérieur, ils ont décidé de réintroduire la production de séries limitées d’objets et de meubles qui sont restés inexplicablement en dehors des projecteurs de l’histoire du design.

Dans une collection de pièces radicales en aluminium anodisé, le premier donne une nouvelle vie à l’obsession rétrofuturiste d’une entreprise toulousaine des années 1970, tandis que l’autre tend à réhabiliter les lampes innovantes et les assises créées par la sculptrice Odile Mir, sa grand-mère de 98 ans actuellement. Au milieu des géants de la réédition, ayant des canapés Togo et des assises Eames comme principaux produits, qui assurent la prospérité des entreprises comme Ligne Roset, Vitra et autres, ces autonomies poussent une création hors de l’ordinaire, généralement moins profitable mais pleine de dévotion et de passion.

Une chaise des années 1970 d’une modernité exceptionnelle

Ces histoires pleines de rebondissements débutent généralement par une révélation, la découverte d’un trésor précieux dont les fruits auraient été oubliés. Quand Emma Demuynck, alors étudiante en histoire de l’art, cherche à découvrir plus sur le créateur de la lampe Dora, elle est stupéfaite. « Il n’y avait rien sur lui, pas d’interview, pas de rétrospective, pas de catalogue documenté », se rappelle la jeune femme de 26 ans. Cette pièce captivante qu’elle a repérée chez la mère d’un ami d’enfance (et futur partenaire) Julien Borisov, est néanmoins estimée par les antiquaires et décorateurs. « Nous l’avons vu dans la série de Florence Foresti [Désordres] sur Canal+, au restaurant de l’Hôtel national des arts et métiers ou à la Villa Magnan, une chambre d’hôtes design à Biarritz », énumère-t-elle. Il y a un véritable fossé entre sa popularité et celle de son créateur. En 2020, les deux amis décident de la rééditer. C’est à ce moment que commence l’aventure d’Alia Vitae (qui signifie « autres vies »).

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