Voici la composition du « groupe 5 ». Il est formé de deux camionneurs à la retraite, un ancien machiniste, un menuisier et un informaticien, âgés de 40 à 74 ans. Du 7 au 11 octobre, ils ont fait leur comparution pour « viols aggravés » devant le tribunal criminel du Vaucluse. Vingt-cinq autres personnes, dont Dominique Pelicot, ont déjà été interrogées, et vingt autres seront interrogées dans les semaines à venir. Un vingt et unième individu est en fuite. Parmi eux, seulement Vincent C., qui s’est déjà rendu à Mazan à deux reprises et a été condamné pour violence conjugale, est en détention. Les autres ont été placés sous contrôle judiciaire après plusieurs mois de détention provisoire. Lors de l’interrogatoire initial, le Président Roger Arata a posé la question suivante : « Admettez-vous les accusations portées contre vous ? » Quatre ont répondu par la négative. Pendant ces cinq jours, Dominique Pelicot les a observés depuis le box qui lui est réservé. Lui, assis comme un roi sur son fauteuil, et eux, au banc des accusés.
Considérons maintenant l’exception. Patrick A. a 60 ans, son corps enveloppé déborde de son t-shirt orange. Il a réussi la moitié d’un BEP d’électromécanicien – « J’ai réussi la partie pratique, mais échoué à la théorie » – et a passé sa vie à cacher son homosexualité. « Vers 13-14 ans, j’ai réalisé que j’étais plus attiré par les garçons que par les filles. Mes parents n’étaient pas très enclins à l’homosexualité … » Pour « suivre le mouvement », il s’est marié à 25 ans avec une femme de onze ans son aînée, déjà mère de deux enfants, qui ne plaisait pas à ses parents. « Mon père n’est pas venu au mariage, ma mère pleurait. »
Deux autres progénitures ont vu le jour – « Malgré tous les défis, j’ai su développer des sentiments pour mon épouse » – leur union a survécu pendant dix-huit ans avant de se conclure par un divorce. Par la suite, Patrick A. a repris « ses rencontres hebdomadaires avec des hommes, voire plus fréquentes, en compagnie des routiers, sur les stations d’autoroute ». Pendant ce temps, il a développé un psoriasis articulaire qui l’a rendu impuissant suite à un traitement, il a souffert d’une attaque cardiaque et a été diagnostiqué diabétique. La nuit entre le 21 et le 22 mars 2018, il a fait un échange avec Dominique Pelicot sur le site Coco.fr et s’est ensuite rendu à Mazan.
Le juge lit le procès-verbal des vidéos enregistrées par Dominique Pelicot. C’est long, très descriptif. En résumé, Patrick A. a tenté d’agresser Gisèle Pelicot, inconsciente suite à une surdose de somnifères, mais n’y est pas parvenu. Dominique Pelicot s’est impatienté – « N’apprécies-tu pas la compagnie des femmes ? » – et lui a ordonné de « donner du plaisir oral », ordre auquel Patrick A. s’est conformé, d’abord à elle, puis à lui, avant de se livrer à une relation sexuelle avec le mari. Un mois après, Patrick A. est tombé dans une dépression.
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