Ayachi Zammel, un adversaire politique en Tunisie qui a perdu dans les élections présidentielles du 6 octobre, a été condamné à des peines de prison supplémentaires le vendredi 11 octobre, portant ses condamnations totales à plus de deux décennies pour des crimes liés aux parrainages. Zammel a été condamné dans quatre affaires distinctes concernant les parrainages par le tribunal de première instance de Siliana, avec une peine d’un an et huit mois pour chaque cas, comme l’annoncé son avocat Abdessatar Messaoudi à l’Agence France-Presse. Malgré la victoire du président Saïed, de lourdes peines sont encore imposées à M. Zammel, soit une durée cumulée de 20 ans et 10 mois, déplore son avocat.
Zammel, un entrepreneur de 47 ans, a été en détention depuis le début de septembre, l’empêchant de faire campagne. Il n’a remporté que 7,35% des voix lors de l’élection remportée à une écrasante majorité (90,7% des voix) par le président sortant, Kaïs Saïed, dans un contexte de taux d’abstention le plus élevé, avec seulement 29% de participation.
L’autre candidat autorisé à se présenter à l’élection, Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabe qui avait soutenu un coup d’état par le président Saïed, accusé depuis d’autoritarisme, n’a obtenu que 1,97% des voix.
Certains faits ont émergé au sujet de M. Zammel, un individu auparavant méconnu du public quand au commencement octobre, il avait été jugé et condamné à douze ans de détention par un tribunal à Tunis pour quatre incidents spécifiques liés aux parrainages. Cette sentence venait après une condamnation précédente de vingt-six mois dans deux jugements distincts à Jendouba au mois de septembre. Le nombre d’allégations qui ont été introduites partout dans le pays contre M. Zammel a atteint trente-sept, comme l’a indiqué Maître Messaoudi.
Pour l’élection concernée, selon des experts, il était extrêmement difficile de rassembler les parrainages nécessaires : soit 10 000 signatures d’électeurs, ou bien 10 parrainages de membres du parlement ou de 40 élus locaux. M. Zammel, qui avait précédemment occupé un siège à la chambre des députés, avait été arrêté le 2 septembre, le même jour où sa candidature était confirmée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Plusieurs formations de gauche et personnalités proches de l’ancienne majorité parlementaire lui ont témoigné leur soutien.
L’Union européenne avait exprimé sa désolation face à la « restriction continue de l’espace démocratique en Tunisie » le 5 septembre – faisant allusion à l’arrestation de M. Zammel et à l’exclusion par l’ISIE de trois autres candidats perçus comme une menace pour M. Saïed. Bruxelles a exprimé son désaccord face aux décisions ayant pour effet de « réduire le spectre des options pour les citoyens tunisiens », démarrant également sur d’autres arrestations et condamnations de personnalités politiques, nombre d’entre eux étant des candidats possibles pour le vote. Des ONG tunisiennes et internationales ont dénoncé le processus de sélection des candidats qui favorisait fortement M. Saïed.
Contribuer
Réutiliser ce contenu
Laisser un commentaire