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11 octobre 2024 17 h 47 min

Nihon Hidankyo: Nobel de la paix

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Dans un contexte de tensions mondiales croissantes et de résurgence de la menace nucléaire, Nihon Hidankyo, la plus importante organisation de survivants des attaques nucléaires de 1945 à Hiroshima et Nagasaki, a reçu le prix Nobel de la paix. Le comité Nobel norvégien a déclaré le vendredi 11 octobre, que ce prix lui a été attribué en reconnaissance de ses efforts incessants pour réaliser un monde sans armes nucléaires et aussi pour avoir montré, par des témoignages poignants, que l’utilisation des armes nucléaires ne doit plus jamais se reproduire.

Toshiyuki Mimaki, hibakusha (survivant des bombardements) et membre de Nihon Hidankyo, qui a suivi l’annonce depuis l’hôtel de ville d’Hiroshima, n’a pas pu retenir ses larmes. « C’est tout simplement incroyable. C’est comme un rêve dans un rêve », a-t-il réagi.

« Les victimes de la bombe A ont vécu dans la souffrance, abandonnées par leur propre gouvernement et maltraitées par les États-Unis pendant de nombreuses années. Je me souviens clairement des visages de nos ancêtres qui se sont battus pour empêcher l’apparition de nouveaux hibakusha, tout en luttant pour surmonter leurs propres douleurs », a déclaré Kiichi Kido, secrétaire général de l’organisation.

Actuellement en visite au Laos, Shigeru Ishiba, le premier ministre du Japon, a exprimé son admiration pour les efforts continus de Nihon Hidankyo, qualifiant le prix de « d’une grande importance ». C’est la première fois depuis 1974 que le Japon reçoit le prix Nobel de la paix, autrefois décerné à l’ancien premier ministre Eisaku Sato (1901-1975) pour avoir établi trois principes-clés sur le nucléaire au Japon: l’interdiction de fabrication, de possession et d’introduction d’armes atomiques sur le sol japonais. Il avait aussi apposé sa signature sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

« Eviter de revivre notre douleur »

Nihon Hidankyo a été créé en 1956, onze ans après les frappes atomiques effectuées par les États-Unis les 6 et 9 août 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui ont fait 140 000 victimes à Hiroshima et 74 000 à Nagasaki, alimentant un fort mouvement pacifiste mené par les hibakusha. Sa fondation a eu lieu durant une intense campagne contre les bombes atomiques et à hydrogène, dans un Japon traumatisé par la tragédie des pêcheurs du Daigo Fukuryu, touchés en 1954 par les radiations de l’essai de bombe à hydrogène américaine dans l’atoll de Bikini, au milieu du Pacifique. « Notre humanité ne doit pas répéter nos sacrifices et nos douleurs », déclarait l’organisation dès sa création.

Au cours de la Guerre Froide, Nihon Hidankyo a fait trois missions auprès de l’ONU. Lors de la Session spéciale des Nations Unies sur le désarmement en 1982, Senji Yamaguchi (1930-2013), un hibakusha, a pris la parole pour la première fois. Il a plaidé pour qu’il n’y ait plus de tragédies comme Hiroshima, Nagasaki, la guerre et les hibakusha.
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